Cairu et fin.....
Samedi 10 janvier :
Avant le départ des bateaux s'approchent pour une nième procession de je ne sais trop quel saint... Ambiance sonore assurée.
Vers 10h nous sommes à pied d'œuvre près de la bouée du phare de Barra. Plusieurs voiliers y font déjà des ronds dans l'eau. L'heure avance, les bateaux font des ronds de plus en plus serrés près de la ligne de départ. Vu nos connaissances en portugais, on n'a pas bien compris les annonces du départ et on passe la ligne bons derniers. Rapidement on remonte quelques bateaux et dans la matinée avec un bon petit vent on se trouve dans le premier tiers de la course.
Au moment d'envoyer le genaker, celui-ci mal replié sur le quai (on n'avait pas pu le réenrouler suite à la rupture de la drisse) fait des tours dans le mauvais sens. Bref on bricole pendant vingt minutes, temps que deux bateaux mettent a profit pour nous gratter. On arrivera à Mauro de Sao Paolo dans le milieu du peloton. On a eu droit à photos, vidéos, etc… En étant le premier bateau étranger à participer à la régate.
Remontée du rio à la voile (et au moteur) jusqu'à Cairu au soleil couchant. Bel endroit, des berges sauvages avec de belles forêts et parfois quelques maisons ou villages.
Arrivée à la nuit à Cairu, mouillage avec beaucoup de courant et… on coince la sangle de l'orin dans l'hélice. Plongée de nuit avec le narguilé pour couper à tatons, le reste de sangle pris dans l'hélice.
Réception sympa au village,
groupe de musique, repas dans la cour de l'ancien couvent. Sergio, un brésilien qui a vécu en France vient discuter un moment avec nous. RDV demain pour des tuyaux sur des mouillages sympas.
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Remise des prix, nous en recevons un entant que premier bateau étranger dans cette régate depuis sa création (l'an dernier !). Et au tirage au sort, on gagne deux nuits dans un luxueux hôtel de Mauro de Sao Polo… la nuit sera ponctuée par la sono, à fond bien sûr, de la fête votive.
Dimanche 11 janvier :
Apéro avec Sergio et sa femme. Moment sympa. Petit tour à terre pour faire le tour du village. Encore de la musique, celle des sonos des voitures tuning des jeunes du village, à fond bien sûr. Joli village, tranquille mais très vivant.
Doit-on dire "Auto-radio" ou "Radio-Auto" ???
A la nuit, un groupe de musique dans les rues accompagne la procession d'un saint (un tableau) qui est promené de maison en maison par les femmes; Elles se transmettent le tableau pour le faire entrer chez elles chacune à leur tour.
Lundi 12 janvier :
La journée avait bien commencé par une belle balade en vedette rapide (très rapide, environ 60 km/h) vers l'île de Boipeba.
Au Brésil tout est à fond, les taxis, les bus, les sonos et les vedettes, etc…
Impressionnant de sillonner le rio entre les bancs de sable et de raser la mangrove à quelques mètres seulement.
Velha Boipeba est un village sympa, touristique mais plutôt genre écotourisme.
Pas de voitures sur l'île quelques motos et tracteurs mais qui n'ont pas le droit de circuler dans le village. On prend un tracteur pour la plage de Moreré sur les conseils de Christophe un boulanger français qui s'est installé ici depuis deux ans.
Belle traversée de la forêt; superbe plage.
ça donne envie de débarquer et de venir passer quelques temps ici, dans ce coin tranquille...
Moréré, un petit hameau au bord de l'eau, noyé dans la verdure.
Repas à l'ombre sous la paillotte, une vraie !
Et puis de retour dans le tracteur sur la piste cahotique dans la forêt, la nouvelle tombe.....
Aujourd'hui lundi 12 janvier, Malu nous a quittés.
Et nous on rentre en France dès demain, après un périple de 3900 milles (soit 7200 kms).
Au revoir les Voiles du Partage
Mercredi 7 janvier :
Retour à Salvador. Après une bonne navigation dans la baie, nous voici de retour au Terminal Nautico.
On arrive d'un coin un peu hors du monde et on se fait rattraper par l'actualité en France : Charlie Hebdo. Au début quelques bribes et en quelques minutes on est bien au courant. Les sms et les mails de mouvement de solidarité arrivent. Internet, pour le meilleur et pour le pire.
Complètement atterrés on est………………………………………………………………………….
Les autres bateaux sont là, ce sont les derniers préparatifs avant le départ : ça bricole, ça charge les courses, les bouteilles de Camping gaz à recharger à l'usine qui ne sont pas arrivées, etc, etc… mais l'ambiance n'est pas particulièrement très gaie, vu les nouvelles.
.Le soir caipirinhias et repas dans une petite rue du Pelourinhio. Discussions avec ceux avec qui au fil du temps on a tissé des liens. Envie de se revoir, ça se fera ? peut-être ? des mots comme "RDV dans deux ans". Le monde des gens qui naviguent est comme ça, on se croise, on se re-croise à des milliers de kms de la fois précédente, ou on se donne des RDV de l'autre côté d'un océan comme si c'était évident. Et souvent ça l'est.
Discussion Bororo Siboney Cap Sud : "on mange où ?"
On mange quoi après la (les) Caipirinha ?
Jeudi 8 janvier :
De bon matin, on part s'inscrire pour la régate de samedi. Une première marina, nous envoie d'un bureau à l'autre pour finalement nous dire qu'il faut aller dans une autre marina. On voit nettement qu'on a quitté le Brésil moyen pour entrer dans le Brésil feutré des gens qui ont du fric. Malgré tout le luxe environnant, il faut aller voir ailleurs, dans une autre marina. Taxi et descente en ascenseur pour enfin arriver dans un grand bureau, marbre et portraits des "comodores" du yachting club. Un club très fermé sans doute et très british dans son look.
Re palabres, assez difficiles car ici personne ne semble non plus au courant et on ne parle pas autre chose que le portugais comme souvent. Finalement, le directeur est appelé, on cause anglais pour s'expliquer, il téléphone, donne des ordres un peu en colère. Nous passe un responsable au téléphone, on arrive à peu près à se comprendre en anglais. Et on finit par s'inscrire. Bilan trois heures de démarches, faut avoir envie de naviguer….
Les dernières conversations vont bon train sur le ponton, dernières concertations pour l'heure de départ en fonction de la première escale. Finalement vers 16h, ils partent tous ; en quelques minutes le ponton est bien vide. En montant en ville par l'elevador Laverda on voit l'O d'Îles, Bororo et Héva II qui sont déjà loin dans la baie.
Courses en ville dans un quartier sans touristes rue Carlos Gomez et place Grande Barre repérées au passage en bus ou en taxi. Plein de petits magasins, le matin il y a aussi un marché de légumes. Dans un supermarché au détour d'un rayon on est abordé en français par un congolais, prof d'histoire africaine à l'université de Salvador. On discute un bon moment entre les rayons, échange de mails, téléphones. Il nous aide à choisir des fruits. On va sans doute se revoir fin janvier.
Vendredi 9 janvier :
Courses au marché aux légumes d'hier. Les gens du quartier sont là, aucun touriste alors que l'on est à moins d'un km du centre historique. Une image cocasse, dommage je n'avais pas l'appareil photo : une brouette sono… Un gars qui déambule dans le marché avec sa brouette sur laquelle il y a un gros baffle, un ampli sur batterie, le tout à fond pour bien faire entendre les CD qu'il vend…
Soirée apéro avec les bretons de L'Oustal, nos voisins de ponton. On échange les tuyaux, eux sur la Chiappa Diamantina dont ils reviennent, nous sur les mouillages de la Bahia. Moment sympa.
Bahia do Todos Santos
Après plusieurs jours passés loin de "la civilisation" c'est à dire d'Internet et du téléphone, voici quelques nouvelles
1e Janvier 2015 : !!!!! FELIZ ANO NOVO !!!!!
L'an dernier on avait passé le réveillon sur Védébé, au Vieux Port à Marseille. Aux premières loges pour le feu d'artifice qui clôturait l'année de la capitale européenne de la culture. Et le 1e janvier, on était sur l'eau pour un petit tour du Frioul avec Jean Louis, Sylvie, Cécile...
Les années se suivent et se ressemblent ou presque de l'autre côté de l'équateur.
Journée sur l'eau dans la Baie de O Todos Santos en route vers Itaparica.
Après une bonne petite navigation à la voile, où je me régale de barrer travers, grand largue, en douceur compte tenu du vent tranquille, on jette l'ancre devant le village d'Itaparica à côté de Bororo.
Le mouillage ressemble à celui du Langoustier à Porquerolles en plein mois d'août, l'énervement en moins car ici tout le monde reste cool.
Contents de retrouver le reste de la flottille après ces quelques jours de ville.
Ah oui, la différence de taille avec l'an dernier, c'est la baignade autour de Soualé bien sûr.. Premiers bains au mouillage, on ne s'en lasse pas!! Allez, on y retourne..
En fin d'après-midi tour à terre pour l'indispensable caïpirinha, puis déambulation à la recherche d'un petit resto. Finalement on va manger des pizzas sur le trottoir du bord de mer, ambiance sympa de vacances estivales avec les brésiliens qui déambulent. Plus loin sur la place du marché, des kiosques pour manger ou boire, un peu de musique et ça commence à danser. Tout ça finira très tard mais rien à voir avec le boucan de Salvador.
Samba
Samba
Vendredi 2 janvier :
Suggestion d'aller sur une plage de l'autre côté de l'île, sur la côte face à Salvador. On cherche un "kombi", le bus local à base de combi VW modifié pour y faire entrer 13 passagers, plus le chauffeur, plus son aide…
Le premier nous amènera à Mar Grande, terminal des lanchas qui font le trajet depuis Salvador. Ça grouille de monde, les gens attendent les bateaux pour rentrer sur Salvador après les fêtes.
Le second va nous déposer sur la praya Barra da Grande plus au sud, pas loin du Club Méd (ils sont partout ceux-là !). Une barre de récifs transforme cette plage en piscine (grande la piscine) ou plutôt en baignoire, vu la température de l'eau, trop chaude pour que la baignade soit agréable.
Quelques naïades brésiliennes se promènent,
des jeunes circulent à moto sur la plage sans que personne ne trouve à y redire,
d'autres jouent au tennis-foutibollll
pendant que le reste de la famille pique-nique les pieds dans l'eau
sous l'œil des ados qui tchatchent dans leur coin. Ici même les arbres se baignent.
Retour au bateau. Recherche d'un endroit pour recharger le crédit du téléphone brésilien, pas facile de comprendre comment ça fonctionne ici. C'était bien plus simple au Sénégal.
RDV vers le port pour la (les) caïpirinhia(s) du soir.
Samedi 3 janvier
Bain du matin : plongeon, nage jusqu'à l'orin, repos, planche… car il y a du courant, on repart, nage musclée jusqu'à l'étrave de Soualé, puis on se met sur le dos et on voit passer Soualé à l'envers, et hop on attrape au vol l'échelle pour remonter, et on recommence..
Remplissage de jerricans et bouteilles d'eau à la fontaine Da Bica, source d'eau minérale du village. Dernier salon où l'on cause, on attend son tour à l'ombre tout en essayant de ne pas se faire griller son tour..
Et voici l'heure du poulet !! Que je commence à préparer à la sénégalaise, thioufdien.. avec Françoise. Grande première pour Omar qui prend la suite, le fait dorer dans la cocotte après l'avoir fait mariner dans le citron, gingembre, poivre, moutarde… Il l'ajoute avec les légumes un gros plein d'oignons revenus avec poivrons, carottes, tomates, e le tout mijote quelque temps. Le repas est prêt pour ce soir.. JJ et moi rejoignons Patricia, de Bororo, Michel et Odile de l'O d'Île, à la langue de sable qui se découvre à marée basse et nous passons un certain temps dans l'eau à papoter, et à se faire rouler par les vagues.. Massage partagé à l'œil…
Départ pour l'ilha dos Frados après le déjeuner..
Nous partons dernier comme d'hab, mais avec le bon petit vent, Omar à la barre, JJ au réglage des voiles, nous les grattons les uns après les autres
Bororo toutes voiles dehors....
et nous retrouvons en tête pour trouver le chenal qui nous mènera sans encombre à un joli petit mouillage à l'ouest de l'ilha Do Bom Jesus et au nord de l'ilha Do Frade et à l'est de l'ilha San Antonio, on est bien gardé ! mais superbe mouillage entre ce qui semble être une résidence de luxe avec un gros moche yacht et le quartier des pêcheurs sur l'autre rive de ce bras de mer. Contraste brésilien !
Accueillis par un vol d'ibis rouges flamboyants !!! Muito obrigada la vida !! Baignade à l'arrivée, petit tour à terre .. C'est la fête dans ce petit village de pêcheurs, musique, kermesse, cerveja..
Retour à bord après avoir porté les annexes jusqu'à l'eau car la marée descend beaucoup ici. Bain de pied dans la vase, voire plus, c'est bon pour les articulations Léon..
Dimanche 4 et lundi 5
Branle bas.. Aujourd'hui, tri des légumes, des fruits qui s'abîment. Ça finira par une salade de riz (il s'agit d'écouler le kg de riz cuit par Omar) et ananas à la crème de coco..
Les garçons ont un nouveau jouet le narguilé (pas celui que vous croyez). Pour faire simple, c'est un compresseur qui permet de rester sous l'eau plus longtemps qu'avec une bouteille de plongée, mais pas très profond.
Alain essaye, puis JJ reste sous l'eau 1/2h pour gratter la coque de tous les coquillages archi coupants qui se sont installés sans visa. Remarque, en sortant JJ a en effet l'air d'avoir fumé un pétard !! Il a nettoyé tout l'arrière, jusqu'à la quille tribord. Alain prend la suite. Je suis restée à bord pour jouer de l'accordéon et finir mon livre, tandis qu'ils sont allés à terre..
On retrouve nos comparses plus Georges et Marie Pierre sa femme ainsi que Christian qui viennent d'arriver sur Heva II. Ils vont remonter le bateau aux Antilles car Henri, son propriétaire va rentrer en France. Bien sûr ils nous ont déjà devancé pour la caïpirinhia, qu'ils boivent sur un muret face à la mer, mais on rattrape vite notre retard.
Comme c'est dimanche, on se retrouve devant l'église pleine au moment de la messe. Rien à voir avec le chœur des grenouilles de bénitier de chez nous. Ici c'est big band de cuivres et chœur au balcon avec des rythmes bien brésiliens.
Concurrence oblige, les pentecôtistes, les adventistes et autres églises d'origine américaine de tout poil officient à la même heure.. j'ai compté au moins quatre autres églises ou temples dans le village.
C'est un peu la fête ici, mais on a l'impression que c'est tous les jours. Jeux pour enfants sur la place : trampoline, piscine à balles, toboggan gonflable. Fusées de feu d'artifice cinq ou six fois par jour, dont une fois pendant la messe juste devant le parvis de l'église (pour contrer la concurrence ?), le dernier tir vers cinq heures du matin !
C'est un gros village, avec beaucoup de jeunes et d'enfants. Il couvre quasiment les trois quarts de l'île. De quoi vivent-ils ? Sans doute beaucoup doivent aller de l'autre côté sur l'île d'en face où bourdonne une grosse raffinerie de pétrole.
Des maisons multicolores ou en briques ou parpaings apparents, fers à béton qui dépassent, selon le cas ; quelques belles maisons anciennes. Mais dans chaque maison le mobilier nécessaire et indispensable c'est une grosse chaîne hifi. Et ils s'en servent ! Aucune voiture, ici le véhicule principal, c'est la brouette. Sinon on trouve des remorques à bras, des vélos et quelques petites motos.
Les gens sont souvent sur le pas de la porte, dans la rue. On a l'impression de passer chez eux.
Ce matin, au réveil, baignade dans un lac, l'eau est un miroir, plongeon puis nage tranquille de longues brasses qui mettent en appétit pour le petit déj..
A marée basse, on va à terre vers la mangrove, en nageant, pour voir les oiseaux de plus près, les ibis rouges, les aigrettes antracites et blanches, des rapaces.
Finalement on les voit mieux de Soualé.
Puis on prend l'annexe et on va vers un petit bras de mer qui nous attire.. On descend à terre, toujours marée basse, dans la vase.. Des petits crabes avec du bleu et orange se retournent vers nous pour nous combattre et nous attaquer !!
Beaucoup de palourdes, praires, d'autres petits crabes avec une seule grande pince (comme en Casamance) qui se terrent vite dans un trou à notre approche. On voit au loin des femmes qui ramassent les palourdes avec une fourchette. Plus loin des palétuviers, puis des palmiers majestueux et une forêt qui donne envie, mais il y a des clôtures..
Demain on change de mouillage. Les autres voiliers retournent sur Salvador en vue de leur départ le 8 janvier pour remonter vers Bélem. Nous serons à Salvador le 7 pour passer une dernière soirée avec eux.
Mardi 6 janvier :
Il est à peine sept heures et on voit Cap Sud voiles hautes qui est déjà sorti du mouillage. Héva II ne va pas tarder à le suivre. Il ne reste que l'O d'Île et nous. Plusieurs saveiros passent juste à côté de nous avec de magnifiques voiles, bleues, vertes ou blanches.
Les saveiros, ne sont pas des bateaux de carte postale.... ce sont les bateaux traditionnels de la baie de Bahia. Ils desservent les petits villages et transportent un tas de trucs. Depuis le sable ou les briques et le ciment, jusqu'aux TV, machines à laver, congélateurs en passant par le bétail, les poules, etc…
Et comme ce sont des bateaux à voile, ils partent quand ils peuvent et ils arrivent à l'heure choisie par le vent. Ils ne travaillent pas pour Chronopost et c'est tant mieux. On ne se lasse pas de les regarder manœuvrer.
Un dernier tour sur l'île, Françoise, Marie, Odile de l'O d'Île et moi pour une dernière balade dans le village. Ramassage de coquillages orangés magnifiques (une fois bien nettoyés) trouvés dans la vase. Achats divers, normal on a découvert de nouveaux petits étals dans d'autres rues du village. , des chaussons à la viande, de la pâte de fruit à la goyave, des oranges et du poisson.
Ah ! un magasin qu'on n'avait pas encore vu !!!!!
Au revoir à Odile qui rentre en France demain. On espère se revoir...
Puis à leur tour, ils lèvent l'ancre. On reste le seul bateau dans ce beau mouillage. Après le repas on va nous aussi quitter cet endroit pour aller voir une autre île. On serait bien resté encore quelques jours. Histoire d'avoir plus de contacts avec les gens, de mieux comprendre la vie du village. On est bien dans le Brésil profond et c'est super malgré la barrière de la langue.
C'était notre meilleur mouillage, nature, avec de magnifiques oiseaux, pas loin du village où on trouve quelques trucs à manger, on nage autour du bâtô dans une belle eau, un bel environnement, à l'abri, mouillage non rouleur, …..
Quatre milles plus loin, mais deux heures plus tard. Après plusieurs essais infructueux de mouillage devant l'île de Maria Guarda : malgré ce qui est écrit dans le guide, c'est trop profond pour jeter l'ancre près du rivage (plus de 10m) et pas de place entre les bateaux qui sont sur des bouées.
Donc on est allé se poser devant l'ilha Bimbarras. Un peu au milieu de nulle part car là c'est l'inverse, il y a peu de fond près de la côte, il faut donc rester à 400 ou 500m du rivage. C'est une belle île très boisée, mais privée !!! A marée basse on découvrira que l'on est dans un creux au milieu des bancs de sable. Sans le GPS on n'aurait pas pu venir se poser à cet endroit.
Selon les cartes, on est presque à la limite nord de la partie navigable de la Bahia pour les bateaux qui ont plus de 1.50m de tirant d'eau. La baie est encore immense vers le nord, mais il n'y a pas beaucoup de fond, en tous cas pas assez pour nous.
A la nuit, plusieurs ombres à peine visibles sous la lune passent silencieusement à proximité du bateau : des pirogues de pêcheur tantôt à la voile ou plus simplement à la rame en utilisant les courants ; sans aucun éclairage. Où vont-ils ? Ils disparaissent rapidement dans le noir.
Demain retour à, Salvador pour une dernière soirée avec le reste de la flottille qui repart jeudi vers le nord.
Salvador -suite 1 -
26 au 28 décembre :
Vendredi 26, Noël chez Mimi ; j'ai donc téléphoné en France. Un peu étonné de parler à tous, difficile de faire passer en quelques mots, ce qu'on vit ici ; mais c'était sympa, malgré le vent et le bruit ambiant du port d'avoir des bribes de nouvelles, d'entendre les voix des uns et des autres. J'ai encore du mal à imaginer que c'est Noël.
C'était aussi notre Noël de Soualé ce 26 décembre.., quelques petits cadeaux échangés histoire de marquer le coup, tshirt avec bérimboa, 4 petits tableaux colorés de danse et de musique, petits verres rigolos pour boire rhum ou autre, ... . Le capitaine a eu droit à un perroquet, qui se balance désormais à l'arrière du bateau.Un menu simple mais bon : capeirhina et ses aservados, jambon cuit, salade d'oranges au cumin, crevettes aux pommes (nouveauté), gâteau à la crème de marron, et bonne bouteille de blanc... Et Soualé décoré avec les filhas, rubans de couleur qui volent au vent à caractère religieux, pour nous c'est festif. il parait que ces rubans en bracelets font fureur en France en ce moment...
Un tour dans le largo do Pelourinho, le petit centre historique et touristique de Salvador. Avec un "sapin" de Noël un peu bizarre (faut dire que "y en a pas beaucoup par ici").
Samedi matin, marché au mercado sao Joaquim.. Haut en couleurs, étals de légumes et de fruits, viande et poisson à couvert.. poteris, vannerie, cuir, ustensiles de cuisine pendouillent.. Le bazar quoi. On fait notre plein de frais et on boit un socco frais d'oranges trop bon.. On voit passer un coq attaché dans du papier journal avec la tête et les pattes qui dépassent. Il nous regarde en passant, curieux. Ensuite, soit il ira se pâmer dans une basse cour, soit il finira à la casserole, il faudra le tuer bien sûr, le plumer, et j'en passe.. Chose que bien sûr on fait tous les jours.... Bref on va essayer d'en trouver un prêt à l'emploi..
Les bahianais qui ne sont pas partis dans les îles pour les fêtes (le terminal des lanchas est pris d'assaut dès 7h le matin) sont là aussi qui déambulent. Vendeuses d'Acarajé au coin des rues. Les acarajès sont des beignets de farine de haricots faits à l'huile de palme garnis de petits légumes et crevettes ; il y a aussi les abaràs, la même chose mais cuit dans une feuille de bananier.
Elles sont souvent habillées en blanc car liées au culte du Candomblé dont Salvador est un haut lieu.
Les vendeurs de queijinho avec leur petit brasero en bandoulière : ce sont des brochettes de fromage au miel grillées devant nous quand on les achète.
Et enfin les vendeurs de cocos vertes, un trou dans la coco bien fraîche, on y passe une paille et on boit ça comme un soda, on trouve un peu partout dans les caniveaux des cocos vides.
Sur la place du Terreiro de Jesus les danseurs (lutteurs ?) de capoeira font des démonstrations sans conviction et surtout avec le chapeau, prière de ne pas oublier d'y mettre un bon billet.
Concurrencés quelques mètres plus loin par un groupe de samba, attablé depuis plusieurs heures et qui enchaînent les morceaux.. Sono, chanteur, faux, quelques personnes dansent, les vendeurs de boisson les encerclent pour profiter de la clientèle qui écoute et regarde.
Devant les églises les grilles sont couvertes de petits bracelets en tissu les filhas en l'honneur de Nosso Senhor do Bonfim (l'église la plus populaire de Salvador), c'est écrit dessus.
Pour 1 R$ on en a 14, la longueur correspond à celle de la croix de je ne sais plus trop quoi;
Mode d'emploi : soit attaché à la grille des églises, soit au poignet avec trois nœuds et à chacun des nœuds on fait un vœu. Quand le bracelet se détache par l'usure, ces vœux seront exaucés à condition de jeter le bracelet dans une rivière.
Dimanche, il fait beau et très chaud, mais pas moyen d'aller à la plage car les bus ne circulent pas. Alors on met le cap sur l'île de Frada, de l'autre côté de la baie. OUF Un mouillage tranquille, devant une plage vide, sans doute une réserve où pondent les tortues.Avec une belle forêt primaire qui remonte jusqu'en haut de la colline. les premiers portugais ont dû voir ce genre de paysage en accostant au Brésil. Baignade, plongeons, bombes, replongeons, bref on est tellement heureux de se baigner!! puis repas, sieste, belle journée comme on les aime. Après une semaine de ville vraiment heureux d'être là, venus à la voile, repartis à la voile et arriver au port après la grosse chaleur!!.
Puis retour vers Bahia grace à un bon petit vent qui va nous amener à bon port. On tire des bords entre les cargos à l'ancre, face à la ville qui s'éclaire peu à peu. Arrivée de nuit à la marina. Une belle journée.
Pendant ce temps, sur le trottoir devant la marina, le montage d'une énorme scène, de stands, barrières, etc… a continué bon train. La fête approche, on va voir ça bientôt. 4 jours de fête, avec chanteurs illustres nationaux, (on dira qui après!!), Saint Clair, DJ recherché !!! Vu le niveau sonore de la balance, on risque de ne pas trop dormir.. On est aux 1ères loges. Cela a aussi ses avantages bien sûr. Y aller à pied (sans transport), regarder depuis la bâtô, revenir en 5 mns quand on en a marre.. On va faire quelques emplettes au shopping Barra avant que le quartier ne soit bouclé..
Sauveur de la Baie
En brésilien : Salvador de Bahia....
au bord de la Baie de Tous les Saints (comme ça, il n'y a pas de jaloux !).
Mardi 23/12 :
Depuis notre arrivée et l'épuisante course aux formalités de lundi et mardi, on a commencé un peu à trouver nos marques. En grande partie grâce à Omar qui est ici pour la troisième fois et qui a vite rencontré dans les rues un compatriote installé au Brésil (celui qu'on connaît bien aussi chez nous, qui vend dans la rue, des montres, des bagues, etc, etc…). Entre eux, il y a une entraide spontanée.
Grâce à eux, on a pu comprendre comment fonctionnent les téléphones, les cartes à puce ("chipi"), etc. Il est descendu au port, il a passé une heure à nous débrouiller le problème au lieu de vendre sa marchandise et quand on a voulu lui laisser 10R$ pour le remercier, ça a été difficile.
Aujourd'hui, la deuxième corvée a été de faire des courses, la veille de Noël….. au supermarché Bom Preçio et aussi au grand centre commercial de Shopping Barra. Un centre commercial comme les môles américains, toutes les grandes marques, des belles boutiques sur quatre étages. Centre où Omar est allé s'acheter une tablette qui va lui permettre de rester connecté avec le pays. Important pour lui de pouvoir retrouver copains et famille sur Face de Bouc, lui qui va rester plusieurs mois seul ici quand nous allons rentrer en France.
Le déplacement nous a permis d'élargir un peu notre horizon, sorti du centre, la ville, est une succession de grandes avenues à quatre voies, où ça roule vite.
celle là, elle est pour Romain.
Avenues bordées de grands immeubles d'une vingtaine d'étages. Parfois, entre deux séries d'immeubles, une favela; L'image qu'on en a en France, genre bidonville, est sûrement faussée par le spectaculaire véhiculé par les médias. Ce que j'ai vu ce sont plutôt des maisons en dur pas si moches que ça, souvent les façades sont peintes ; mais on sent bien qu'elles ont été implantées là de façon anarchique. De loin on voit un entrelacs de toitures, volumes, ruelles qui finissent par avoir un air assez harmonieux dans leur anarchie. Bon ce n'est pas clair, mais je tâcherai de faire quelques photos.
On a aussi repéré quelques magasins d'accastillage, articles de pêche dans les rues au pied de la colline. Des magasins installés là depuis longtemps mais parfois dans des maisons improbables qui, de loin, semblent quasi abandonnées.
L'un d'eux a même jugé bon de placer une banderole sur la façade qui dit "nous sommes ouverts normalement". Vu la gueule des bâtiments voisins, la précision est nécessaire.
Mercredi 24/12 :
"Ce soir c'est Noël et moi je regarde le ciel, tous les gens dans la rue ont l'air tellement heureux"…
Réveillé de bonne heure, je suis parti faire un tour dans le quartier de la basse ville où nous sommes.
Un mélange d'immeubles modernes, de vieilles maisons abandonnées et de maisons coloniales restaurées.
Dès 7h, les magasins commencent à ouvrir. Les vendeurs des rues s'installent : beaucoup de stands de fruits et légumes, de plats à consommer sur place, boissons, chapeaux, montres, cartes de téléphone, etc… un studio photo improbable
et même un stand de petites culottes… Tout ce petit monde est très affairé.
Pas de bistrot à l'européenne mais des lanchonetes, ici c'est debout dans la rue, vite fait on mange (souvent salé) et on boit un truc parfois incertain auquel je n'ai pas encore goûté. J'ai quand même trouvé un bon jus de fruit, ici c'est un régal pour ça ; mais il faut encore faire du repérage pour comprendre ce que l'on achète.
A partir de 10h il commence à faire vraiment chaud et on cherche les coins à l'ombre.
En début de soirée, on s'est retrouvé quasiment tous les bateaux à l'église du quartier. Histoire de voir à quoi ça ressemble Noël au Brésil. Arrivés un peu tôt, on n'a pas pu passer inaperçus et bon s'est retrouvé bien devant, alors que j'aurais aimé rester au fond pour pouvoir me défiler. Donc, bref, je me suis tapé la messe, et en portugais !
Malgré les ors et les décos rococos, l'ambiance était du style décontracté.
- première différence avec ce que j'ai connu chez nous : ici il n'y a pas des chauffages au gaz mais des ventilateurs partout, au moins au passage ça fait un peu voler les soutanes et monter les volutes d'encens.
Ensuite, les gens ne se gênent pas pour sortir leur portable et faire des photos sous le nez des curés qui ne trouvent rien à y redire ; il y avait même une femme qui tapait sur son un I-pad (???).
- deuxième différence, la sono, ici c'est pas du crachoti d'asmathique comme dans les églises de chez nous. Ici c'est de la vraie bonne sono avec des enceintes devant, sur les côtés, etc. Faut dire qu'il y avait un chœur et des musiciens qui assuraient.
- troisième différence, les gamins qui circulent au milieu, sans que personne n'y trouve à redire.
- et puis aussi, on agite les bras quand on chante, il ne manquait que les briquets (ou les portables éclairés). Et j'en passe, en bref une atmosphère plutôt gaie et décontractée qui ne sentait pas trop la grenouille de bénitier et pas mal de jeunes, des gens de tous âges.
Ensuite on a pris l'ascenseur, l'elevador Lacerda, pour 15 centimes (0.05€), il nous emmène en 25 secondes dans la ville haute. C'est quasiment le seul moyen pour s'y rendre car il faut éviter de traverser les rues incertaines qui montent au plateau.
l'ascenseur qui nous envoit en l'air pour 0,15€...
Le Terminal Nautico vu de l'ascenseur : Soualé est sur la deuxième panne, tout à gauche. Devant à droite le Mercado Modelo (marché artisanal = souk brésilien), juste derrière le terminal des lanchas pour les îles ; devant à gauche, la marine nationale.
On a vite trouvé un bar, petit resto avec des tables dans une rue pavée un peu en pente. Un peu dubitatif sur l'endroit vu le nombre de cafards (des gros marrons) qui circulaient entre les pavés. Mais il faut les ignorer et tout va bien.
Pour commencer, bien sûr, la caïpirinha : dans un grand verre un citron vert bien mûr coupé en huit, un peu de sucre, remplir de glace pilée et verser dessus de la cachaça (rhum blanc agricole), ça se boit sans problème même quand il fait chaud…
Ensuite on commande, des plats à base de poisson pour la plupart dans une sauce super bonne au lait de coco, huile dendé (de palme), coriandre.;.. La patronne qui est aussi aux fourneaux descend elle-même prendre la commande;
la cuisine est à l'étage et les plats ou les verres arrivent par "l'ascenseur" à l'italienne : un beau panier descendu le long de la façade, au bout d'une corde.
Si on veut autre chose, on demande au serveur qui n'arrête pas de faire le clown derrière nous. Il siffle un grand coup, gueule la commande à la patronne quand elle passe la tête à la fenêtre.
Si on veut du vin, normal c'est Noël, il faut aller dans la rue d'à côté acheter quelques bouteilles dans un resto un peu plus standing… Merci Hélène qui parle portugais et qui nous démèle tout ça, oui, oui ça existe des français qui ont appris le portugais à l'école.
Fin de repas où l'on voit que le monde est petit : Alain fait un essayage comparatif de Croc's avec le serveur ; à part la couleur ce sont les mêmes.
Retour au port en taxi, l'ascenseur est fermé et le quartier à traverser est craignos. On s'entasse à sept dans un grand taxi et on paye 50R$ ; alors que d'autres à cinq, n'ont payé que 20 R$, cherchez l'erreur ???
Fin de soirée sur L'O d'Îles avec quelques bulles offertes par Michel, Odile et Hélène.
Jeudi 25/12 :
"Aujourd'hui c'est Noël, la, lala, la, la…"
On s'est levé un peu plus tard que d'habitude, mais la chaleur dès 9h nous pousse à quitter nos couchettes. Le soleil monte vite à la verticale et le moindre geste nous fait transpirer. Heureusement sur l'eau, il y a souvent un petit air qui vient rafraîchir l'ambiance.
Pour fêter ça, on envoie Omar en haut du mât pour changer la drisse de spi qui avait cassé pendant la traversée. Une occasion pour lui de faire quelques photos en prenant de la hauteur.
Tout en donnant un coup de main (faire suivre la drisse de foc qui assure Omar) tandis qu'il est hissé par le winch électrique.. je prépare les légumes pour midi..
Puis lessive sur le quai; tout y passe, des draps jusqu'aux fringues.. A être mouillée, je me prends un bon grain, la lavandière douchée!!
La fin de journée est plutôt calme.. On a décidé de fêter Noël entre nous vendredi 26 soir car le marché artisanal est fermé, et à midi on n'a pas envie de festoyer.
Bon on sait que c'est Noël, on téléphone chez nous, on voit quelques guirlandes, mais l'ambiance est loin d'y faire penser..
Traversée
Samedi 13/12 :
23h30, je fais le premier quart de cette neuvième nuit de traversée. La nuit est très noire, on avance au moteur, le temps est couvert car depuis la mi-journée les grains se sont succédés ; normal, on est en pleine zone de convergence intertropicale : le "pot au noir". Cette zone perturbée, se trouve entre les alizés de l'hémisphère nord et ceux de l'hémisphère sud. Elle se balade au nord ou au sud de l'équateur selon les saisons, en ce moment c'est au nord. On est encore à 300 milles de l'équateur.
Bien sûr, le vent n'est pas au rendez-vous, ou alors pas dans la direction où on l'attendait. Il nous tarde un peu de sortir de là pour enfin toucher les alizés du sud. Faut dire que la route est encore longue.
En ligne droite depuis la Casamance, il y a 2000 milles (environ 3700 kms), mais bien sûr comme on est à la voile, on ne peut pas faire une route directe
Pour le moment on a fait un peu plus de 1000 milles et il nous en reste 1250 si on arrive à faire la route directe. Et à la moyenne de 5 nds (soit à peu près 10 km/h), on en a encore pour un petit moment….
Les journées s'écoulent tranquillement, à la fois toutes pareilles et toutes différentes. Petit retour en arrière :
Vendredi 05/12 :
Après un dernier tour rapide à terre pour aller chercher le pain commandé hier soir au "boulanger" de la Pointe St Georges,
on lève l'ancre en pensant que la prochaine fois on la jettera au Brésil. Il nous reste quelques heures de navigation sur la Casamance pour profiter encore un peu de l'Afrique. On y laisse plein de bons moments et de belles rencontres. Pourquoi part-on ? On pourrait passer des semaines ou des mois ici…
Vers 13h, on sort du chenal pour se retrouver en haute mer, cap à l'ouest pour s'éloigner rapidement de la côte et trouver le vent, mais bonne surprise, un bon petit vent est déjà au rendez-vous.
Je barre quelques heures jusqu'au couchant et je me régale. Travers à grand largue avec un vent juste pour moi….
Samedi 06/12 :
La nuit a été magnifique, la lune nous a accompagnés et un bon petit vent nous permet d'être à midi à 140 milles à l'ouest de la côte. Malgré la houle, on marche à 6-7 nœuds, mais ça brasse un peu, trois mal de mer : Omar, Françoise et Marie.
Dimanche 07/12 :
Déjà trois jours de navigation, on s'installe dans la durée. Des globicéphales viennent nous faire une petite visite, ils sont bien plus gros que les dauphins, leur nageoire dorsale est différente et quand ils plongent on aperçoit leur queue. On navigue avec un vent de nord est et on installe les voiles en ciseau. L'équipage s'amarine. Comme c'est dimanche, c'est le jour du gâteau. Aujourd'hui mon inspiration est tournée à la mode africaine : noix de coco et bananes. Toujours rien pêché, on va sans doute trop vite. Et comme on a fait les courses un peu sans réfléchir sans avoir prévu de menus, on n'a acheté ni poisson ni viande. Alors on croit en la pêche et zero poisson. Et on en mangerait bien du poisson. On voulait commander un poulet au "Perroquet" avant de partir et on a oublié. Alors entre le mot interdit sur le bâtô "o coelho" en portuguais et celui qui revient à toutes les sauces, frango, galinha in portuguaise. Le coq, tube casamançais interprété par Titi Jah, commence par le chant du coq.. Le jeu consiste à se surprendre à formuler différemment le mot poulet pour ne pas en oublier le goût sans doute….; C'est sûr à terre, on mangera de la glace au poulet ou à défaut du frango assado, poulet rôti..
Lundi 08/12 :
Le train-train s'est installé,
on bouquine pas mal, faut dire qu'avec Alain la bibliothèque du bord est bien garnie ; d'autres font des mots fléchés, des sudokus,
la sieste (au moins une par jour),
la cuisine : corvée d'épluchage de légumes pour la soupe.
On croise quelques cargos qui descendent ou remontent le long de l'Afrique.
En général après le dernier quart qui finit à 7h30, le premier qui était allé se coucher la veille au soir, prend le relais pour une heure environ. Puis chacun se lève à son rythme et petit déjeuner échelonné, dans la matinée c'est pêche, mais sans aucun succès encore, discussion ("de quoi j'ai rêvé, ce que je suis en train de lire, le bateau, le temps, etc"), lecture, sudoku ou petite sieste. Fin de matinée, Marie joue quelques morceaux d'accordéon histoire de ne pas perdre la main.. (et hier il y avait atelier balkan à Apt!!) Puis tout le monde est debout et ça commence à sentir bon vers la cuisine. Repas entre 13h et 14h30 selon les jours. Puis sieste en faisant un tour de rôle, lecture, bronzage pour certaines, etc.. Fin d'après-midi, lecture, thé si on y pense, ça recommence à sentir bon dans la cuisine, on prépare la navigation de nuit : changement dans les voiles, remonter les lignes de pêche (toujours pas de poisson, mais des algues flottantes à bulles qui se prennent dans les lignes).
Au coucher du soleil : A l'apéro ! Avec papotages
Repas, vaisselle en musique quand c'est Alain qui s'y colle. Puis le premier quart se prépare, etc, etc, etc…
Vers 17h, par 11° 58 N 24°22 W, virage : on pique vers le sud après 440 milles parcourus vers l'ouest grâce à ce vent de NE qui ne nous a pas quitté.
Mardi 09/12 :
Depuis 5h ce matin on sent que l'on entre dans la ZCI : le vent est tombé. On met le moteur en route pendant 4h, donc le dessalinisateur, donc eau douce, donc douche pour tout le monde ! et ensuite lessive :
Soualé s'est transformé en bateau lavoir.
On fait un essai de spi, mais ce n'est pas terrible. On reçoit un message de Bororo parti trois jours avant nous. En fin d'après-midi ils étaient à 300 milles au sud ouest de notre position avec 20 nœuds de vent
Mercredi 10/12 :
Après une nuit au moteur, le bateau s'éveille doucement. La nuit on fait quatre quarts de 2 h1/2, 21h30-minuit, minuit- 2h30, 2H30-5h, 5h-7h30. Puis celui du premier quart reprend à 7h30; le temps que tout le monde soit levé. La nuit suivante on décale : celui qui a fait le dernier quart fait le 1e de la soirée ; ainsi on a deux nuits consécutives avec une longue plage de sommeil de 7h ou 8h.
Vers 13h avec toujours un petit vent de NE (force 3) on envoie le genaker et le génois tangoné en ciseau, sans la grand voile. Et ça marche pas mal avec 9 nds de vent on avance à 4 nds.
De la brume se lève, le soleil disparaît, le vent augmente un peu. La nuit va passer sous la garde d'Orion bien au-dessus de nos têtes
Jeudi 11/12 :
En début d'après-midi, le vent tombe ; on rentre vraiment dans le "pot au noir". Encore 1450 milles pour Salvador de Bahia et on est à 630 milles de la Casamance. Tanqués au milieu, mais on s'y attendait. Et d'après les fichiers météo, on n'aura quasiment pas de vent jusqu'à samedi.
La nuit quelques éclairs au loin. On a des nouvelles de vous par BLU, et c'est vraiment super de pouvoir communiquer de si loin et si perdus..
Vendredi 12/12 :
Ça fait une semaine que nous avons perdu la terre de vue. Des dauphins nous rendent visite. Un premier grain qui lave le bateau. C'est bien noir ce matin.
Vers 16h un vent de SW se lève, en plein dans le nez ! Celui-là, il n'était pas prévu, on attend du sud-est normalement, donc on tire des bords. Puis le soir venant on remet le moteur en route. On croise trois cargos qui font le trajet Brésil-Europe ou Brésil-Sénégal. On n'a toujours rien pêché ! L'ordi d'Alain donne des signes de faiblesse, or il nous sert à recevoir les fichiers météos et à envoyer des mails.
Samedi 13/12 :
On a zigzagué toute la nuit, le ciel est perturbé, on supporte une petite laine alors que l'on est à 450 kms de l'équateur. Toute la journée, sous un ciel bien bas on va passer d'un grain à l'autre. Plus ou moins fort, plus ou moins long, mais toujours pas de vent. Lors d'une accalmie on en profite pour faire le plein de gasoil (pas à la station service mais avec des jerrycans de réserve) sous la pluie pendant que Françoise fait des crêpes. On reste à l'abri dans le carré et on joue aux cartes, au tarot mexicain (clin d'œil à Lou et Fabien!!). çà rigole !!! Dans la nuit la pluie va se calmer.
Dimanche 14/12 :
Après une nuit au moteur, le jour se lève : soleil et quelques nuages, un très léger vent de sud est arrivé, serait-ce l'alizé de sud-est comme nous l'avait annoncé Gégé qui nous a fait la route par e-mail (merci Gégé de tes recherches, j'espère que tes nouveaux yeux vont bien!!).
En fin de matinée, le vent est bien établi, pas très fort (8-9 nds) mais suffisant pour envoyer le genaker, notre turbo, et la grand voile. On marche à 6 nds en route directe vers le Brésil.
Touchons du bois, il semblerait que l'on tienne le bon bout, que le "pot au noir" soit derrière nous. Plus que 1110 milles jusqu'à Bahia ! Il est encore trop tôt pour dire si on y sera pour Noël.
Et comme on est dimanche : gâteau ! Je le propose au chocolat, amandes et poudre de noisettes….
21h15 le premier quart va commencer Alain a écrit dans le livre de bord "vent ESE force 3 vitesse 5.3 nds cap 189°", je vais me coucher; 21h30 Blang ! le genaker est à l'eau à tribord, le long de la coque. En quinze minutes, on l'a remonté, intact, ferlé sur les filières et on a envoyé le génois. En fait la drisse a cassé net dans le mât. Elle avait l'âge du bateau… Pas grave, on verra ça en arrivant.
La nuit va être calme, les seules lumières que l'on verra sont sous l'eau comme des torches filantes : de grosses méduses phosphorescentes qui nous envoient des flashes quand on les dérange. Que devaient imaginer les premiers marins qui sont venus traîner dans les parages ? monstres ? Sirènes ? Dieux de la mer ? Âmes des marins noyés ???
Lundi 15/12 :
Au matin le ciel est bouché, le vent monte, force 4 ; des grains à droite, à gauche mais pas violents. On prend un ris dans la GV et malgré cela on marche à plus de 7 nds, enfin on avance ! On a fait 145 milles en 24h, on est passé sous la barre des 1000 milles pour Salvador. On laisse loin sur tribord (17 milles) les cailloux de Penedos de Sao Paolo e Sao Pedro , quelques rochers 200m sur 400m perdus au milieu de l'Atlantique, ce serait le comble d'aller se mettre dessus alors qu'il n'y a rien à presque 1000kms aux alentours.
Et alors surprise, un ballet de petits dauphins sur l'arrière. Ils sautent très haut, nous accueillent pour passer l'équateur.. On est béni des Dieux!!!
Repas caponata avec ses boulettes de viande à la tomate (boites rescapées de Crète l'an dernier). Oui oui, qui dit que l'on ne mange pas de viande sur Soualé!!
A 21h29 à plus de 7 nds on traverse l'équateur, on entre dans l'hémisphère sud sur le GPS s'inscrit : "00°00'. 02 S et 029 30.0062 W".
CHAMPAGNE!!! A bord, chacun y va de sa joie d'être là, de partager ce moment, qui ne se reproduira pas de sitôt voire jamais.. Un petit moment suspendu dans le temps comme on les aime, ou on raconte beaucoup de conneries aussi, effet des bulles ?
Soualé saute comme un cabri, on fait des pointes à 9 nds, un peu trop vite pour pouvoir dormir sans être trop secoué. Omar et JJ prennent le 2e ris pour calmer le jeu, mais on continue à filer à 6 ou 7 nds dans la nuit noire.
Mardi 16 décembre
Cà fait 2 mois aujourd'hui que l'on est arrivé à Agadir. J'ai l'impression de vivre plusieurs voyages en un!!
On file à 7, 8 nœuds , 2 ris dans la GV, le génois enroulé d'un cran, avec un vent qui oscille entre 15 et 22 nœuds. Une longue houle en brasse certains un peu (dont moi!!)..
Notre moteur principal en pleine action....
J'ai voulu faire un dessert à base de pamplemousses à la poêle avec du miel de Casamance qui a un goût fort et étrange qui reste en bouche longtemps après l'avoir mangé;; et bien raté, le miel a dénaturé.. C'était pas très bon !! Je recommencerai avec un autre miel ou avec de la cassonnade.. car il nous reste un bon stock de pamplemousses!! En fait nous ne manquerons pas d'ail, d'oignons, de cacahuètes délicieuses, de noix de cajou et de pamplemousses..Pour le reste, on improvisera.. Omar nous fait du bissap et on se régale!!
Mercredi 17 décembre
Ce matin 2 mouettes à tête noire avec leur petit, nous accompagnent et pêchent des poissons volants. Ils pêchent eux !! (nous toujours rien, malgré des incantations à des dieux divers)..
Ils proviennent sans doute de l'archipel de Fernando de Noronha au large du Brésil avec son parc national marin. On a été tenté de s'y arrêter car le site est, selon les guides, paradisiaque, mais à 450 R$ (150 €) la nuit on renonce.. Toujours pas de poulet en vue donc!!
Ce soir poivrons aux œufs, derniers légumes "frais".. Ensuite on attaque les conserves, patates, patates douces, courge.. On a encore de quoi, tutto va bene!! JJ fait 1 gros pot de mayo et on ouvre une conserve de tomates épicées pour qu'Omar puisse enfin petit déjeuner comme il aime!! sandwiches au pain de mie, mayo, ketchup, haricots et thon..
On pense à noël que l'on fêtera si tout va bien à Bahia. Omar est musulman, mais il fête noël comme chez nous en famille avec des petits cadeaux. Ensuite il sort avec sa chérie finir la fête avec les copains dans la rue à Dakar. Au jour de l'an, de nombreux concerts sont organisés place de l'Indépendance, tout le monde se retrouve et danse, joue, festoie…au milieu des pétards..
On a sorti les guides de conversation portugaise.. Cà sent l'écurie. Enfin encore 4 à 5 jours de nav pour arriver à Bahia. On a retardé nos montres d'une heure..
Les autres voiliers sont partis 3 jours avant nous, mardi 2 décembre; On n'a pas de nouvelles hormis Bororo. Fleur de Vie, c.a.d. Renée, Guy, Clo, Lolita et Louis ont quitté le rallye. Ils nous envoient un message du Cap Vert où ils ont passé quelques jours et s'apprêtent à traverser direction Trinidad au Vénézuéla. Ils n'ont pas eu l'envie de remonter le long des côtes brésiliennes en passant par l'Amazone au près et sous la pluie!!
Cà se comprend.. Du reste, nous avons décidé à bord du Soualé de rester aux alentours de Bahia. Nous quitterons le rallye plus tôt que prévu. Il y aura de quoi faire par ici.
Et en réalité, on fait cavalier seul, voire électron libre. Depuis Dakar on est toujours loin derrière.. et on aime çà.. (les retards çà me connaît n'est-il pas?).
Attendre le visa d'Omar et vaquer à nos réparations nous a permis de nous éloigner du rallye.. Les contacts avec les gens ne sont pas les mêmes à 35 ou à 5. Même si à terre, nous croisons certains d'entre eux avec plaisir.. Mais nous sommes ravis d'aller à notre rythme et selon nos envies..
Chaque nuit est nourrie de rêves empreints de voile et de ce qui nous attend en revenant, genre imaginer les travaux à faire dans la maison de Reillanne pour y emménager…
Ce soir, les garçons à la vaisselle, les filles dans le cockpit.. L'étoile du berger est la première comme il se doit.. Et le concerto n°3 de Beethoven accompagne la montée d'Orion à la poursuite des Pléaïdes et d'Aldébaran.. On voit la nébuleuse d'Orion. Bientôt apparaîtront les Voiles, la Carène et la "Fausse Croix", puis la mythique "Croix du Sud"..
C'est grandiose, ces notes de piano qui courent et s'envolent soutenues par tous ces instruments vers une conclusion majestueuse. Pour sûr, il avait le sens de la démesure Beethoven.. Pur moment de délice sous les étoiles…
Jeudi 18 décembre
JJ s'est levé 1h plus tôt pour faire son dernier quart!! .Il fallait bien que l'un d'entre nous se trompe d'heure..
Aujourd'hui on retarde les montres d'une nouvelle heure. On rejoint celle de Bahia…
Le vent a baissé, on est en fifty (à la voile mais avec un peu de moteur pour soutenir la vitesse).. Vite profitons du dessalinisateur pour prendre une douche rapide et laver T-shirt et slip de bain.. JJ vient de rectifier son short troué. Il va lancer une nouvelle mode à Bahia.. (qu'en penses tu Jade ? )
Si tout va bien et si nos prévisions se confirment on devrait toucher terre lundi soir ou mardi.
Aujourd'hui charade pour le capitaine :
mon 1er sont des petites bêtes qui aiment la chaleur
mon second n'est pas joli
mon 3ème est une ville du Gard
mon 4ème est un petit mot qui rythme certaines chansons enfantines
il ne faut pas le laisser sortir de ses " " mon dernier car il est impétueux
mon tout serait plutôt un plat du dimanche en France avec les herbes du jardin et un bon petit vin…
Vendredi 19 décembre :
Après une fin d'après-midi soirée rythmée par les grains ; il pleut, il ne pleut plus, le vent monte à plus de 20 nds, il faiblit jusqu'à 8 nds, la nuit s'est passée un peu sur le même tempo. Ce matin, il fait un beau soleil malgré un ciel un peu voilé.
Il est 7h.... Soualé s'éveille......
On commence à croiser des cargos qui remontent ou descendent la côte brésilienne ; normal, car on est maintenant à moins de 40 milles de la côte dont on va se rapprocher doucement en la longeant vers le sud ouest. Ce matin on est entre Joao Pessoa et Recife… l'impatience commence à poindre (pour certains)... Ce matin scotchée sur la cabine du capitaine, une affiche "wanted 100000R$" avec un joli poulet rôti dessiné(frango assado)..(et clin d'œil à Aline de Grenoble); On sait pas où çà va s'arrêter c'tte affaire!!!
On file bon train à plus de 7 nds.
Toujours aucune nouvelle des autres bateaux, les routes se resserrent vers l'arrivée, on devrait donc se rapprocher les uns des autres s'ils ne sont pas trop loin devant, ou derrière (?) et avoir un contact radio. (dixit JJ).
Selon moi les autres sont déjà arrivés..
Alors c'est une drôle d'impression de voir ces cargos défiler sur notre tribord, et de savoir que la terre n'est pas loin derrière 40Mn, (6h à 6n) !! Je n'arrive pas à croire que l'on est déjà arrivé !! Ok cela fait deux semaines aujourd'hui que l'on est parti. Avec l'objectif d'arriver à Bahia, mais c'était tellement loin que çà me parait impossible que l'on y soit déjà !!
Je serai contente d'arriver bien sûr, mais que j'aime ces journées qui défilent toutes un peu identiques et cependant différentes par des petites choses ou des grandes..
Re-ballet de petits dauphins dans l'après midi, qui font des bonds gigantesques synchronisés par deux ou trois !!! Quelques sternes pêchent de loin en loin sans trop nous approcher.
Omar qui nous raconte sa grande famille, on revisite tout ce que l'on a déjà fait ensemble, on parle des absents, le thé de 17h, quelques rythmes sénégalais qui pointent.. ou on s'isole quand le vent le permet sur le roof à regarder défiler les vagues et le couchant.
ça papote.... au soleil couchant
Je ne parle pas du papillon et de la libellule qui nous ont accompagné au départ. On ne sait pas trop ce qu'ils sont devenus..
On sait aussi que l'on va devoir s'adapter à une autre langue, autre culture.. cela prendra un certain temps, enfin pour moi..
Je n'ai pas hâte au final.. Je souhaite encore profiter au max de ces moments de no man's land (sea) perdu au milieu de nulle part, même s'il ne reste que deux jours.
Nouvelle étoile repérée, Canopus, qui veut voler la vedette à Sirius.. enfin quand les nuages ne s'en mêlent pas..
Samedi 20 décembre
Nuit mouvementée, avec vent trop arrière, le chariot du génois bat dans toutes les grosses vagues!! Aïe aïe pour ceux qui dorment en dessous.. Suivi par l'écoute du génois qui tabasse le pont.. Tout bat la breloque. On dirait qu'il n'y a personne sur le pont de ce bateau….
Dans la nuit on voit les lueurs des villes se projeter sur les nuages, on sent que la terre, même invisible, n'est pas loin. On croise de plus en plus de cargos, la plupart du temps ils font des routes parallèles à la nôtre, dans le même sens ou en sens inverse ; mais il faut commencer à ouvrir l'œil car même si un voilier est prioritaire, les gros mastodontes ne bougent pas de leur cap, comme sur des rails du Brésil en Europe ou vers le cap de Bonne Espérance.
JJ prend son quart à 2h30. Il remonte un peu au vent, on est grand largue. Du coup le génois est bien gonflé, on n'a pas l'impression d'aller vite malgré les 7 nœuds et surtout on contrecarre moins les vagues. Je pourrai presque commencer à dormir !! Loupé c'est l'heure de mon quart..
De 5h à 7h30.
Mais c'est celui que je préfère.. et peut être le dernier à cette heure là avant un moment. Un mince filet de lune prêt à tomber s'échappe tandis que le soleil se lève majestueux. Au début on dirait un œuf lumineux posé sur un coquetier de nuages.. Le p'tit déj m'appelle je pense, alors bon ap' et à plus..
Encore 151 milles en 24h depuis hier..
De quart de 21h30 à 24h. Ce n'est pas celui que je préfère, car j'ai tendance à m'endormir à cette heure là. Trois plateformes pétrolières avec leur cortège de bateaux assistance avec ou sans AIS sont en vue.. Voilà de quoi s'occuper. Une veille d'immeubles lumineux immobiles et de la musique dans les oreilles seront les compagnons de ce quart.
Dimanche 21 décembre
Jour du gâtô cette fois à l'amande amère...
Vent arrière, On déroule le génois complètement et on le tangone en ciseau sur la fausse panne pour suivre un meilleur cap.. A une centaine de milles de l'arrivée prévue dans la journée de lundi. On ne voit pas encore la côte, pourtant on la longe depuis vendredi matin.
Pâtes à l'ail et au pesto pour le repas du soir.. trop bon…
Lundi 22 décembre..
Cette nuit nous avons vu la côte brésilienne défiler sur notre tribord.. On en aurait presque été ébloui !!
On se demande si les loupiotes vont grossir ou bouger.. On a été grand largue jusque vers 3-4h du matin. Puis plus de vent et moteur. Je n'ai rien entendu!! 1ère bonne vraie nuit depuis longtemps. Après le petit déj, grand nettoyage du cokpit avant d'aller dans des eaux plus troubles.. tout le monde s'y met.. Il fait chaud et çà fait du bien de s'arroser au passage.
Puis retour à la civilisation tranquille. On vient de croiser un humain pêcheur sur une jolie barque de pêche toute jaune !! Evidemment de loin on voit des gratte-cieux, serions nous à New York ?
Depuis le lever du jour, on voit la côte défiler doucement à tribord, un rempart de tours de béton et de verre, entrecoupé par moments d'un enchevêtrement de maisons basses : des favelas avec vue sur mer. On longe la côte à 2 ou 3 milles au large pour contourner le banc de sable de Santo Antonio qui garde l'entrée de la Baie de Tous les Saints. Premier contact avec les brésiliens, des pêcheurs nous font de grands bonjours au passage. Alors on leur répond et on sort même la trompe !! Et nous, on n'a toujours rien pêché (rengaine)…
Et ce matin un mot doux dans le livre de bord adressé au capitaine et à Omar.; à propos de retour en Côte' d'Ivoire, de poulettes élevées au grain.. Bref ce soir on va au resto. Je vous laisse deviner ce que l'on mangera..
Le capitaine et son projet d'annonce pour des équipiers à destination de la Côte d'Ivoire (mai-juin 2015). Avis aux amateurs !
En fin de matinée on entre dans la baie, le courant est avec nous on avance à presque 8 nds avec juste un peu de vent.
Arrivée très hasardeuse. On mange une super salade de pommes de terre, œufs mollets, câpres et olives en 7mns, car on est pas du tout prêt pour arriver et la marina se rapproche trop vite.. Vite on affale le génois, et la GV, on rentre la traîne de pêche. Sortir la gaffe, installer les pare bats, 2 amarres à l'avant et à l'arrière, les gants pour choper la pendille.. ouf on a fait çà en un tour de main mais à l'arrache comme de vrais amateurs qu'on est!!! Le capitaine nous félicite pour cette arrivée en bataille et toutefois réussie..
Au Terminal Nautico, nous retrouvons les autres bateaux qui sont là depuis samedi après un arrêt à Fernando de Noronha. Ils ont eu plus de chance que nous, peu de vents faibles et du vent dans la bonne direction, mais tous au prêt et à la gîte.. .
On saute à terre, drôle d'impression après 17 jours de mer, faire marcher les jambes, ça fait du bien (enfin un peu)…
A peine arrivé, trouver un distributeur de billets et ensuite formalités. On est parti à pieds sous le cagnard plus de 2 kms le long des docks pour trouver au fin fond d'un bâtiment sans aucune indication, le bureau de la Police Fédérale où nous avons fait tamponner nos passeports, puis dans la foulée la douane pour déclarer l'entrée du bateau, demain il y a encore à voir la capitainerie de la marine nationale.
Finalement nous sommes montés (par l'ascenseur) dans le centre historique de la ville pour boire un coup, manger… Premières impressions brésiliennes, des maisons déglinguées et abandonnées dans la ville basse, certaines superbes, côtoient des immeubles récents ou de belles maisons bien retapées. Des infrastructures modernes juste à côté d'installations et de petits commerces à l'africaine, de vendeurs de rues : un pays qui semble être à mi-chemin entre l'Afrique et l'Europe.
Les gens sont tranquilles et plutôt sympas.
Puis retour de bonne heure au bateau et ce soir dodo !!!! La suite plus tard.
Casamance - Au revoir
Mercredi 3/12 :
Omar est arrivé ce matin par le ferry de Dakar. Pour une fois c'était un blanc (moi) qui portait la valise d'un africain...
Derniers préparatifs avant la traversée :
- plein de gasoil : 180l à trimbaler dans des jerrycans (heureusement que les taxis ne sont pas chers) puis transborder dans l'annexe en pateaugeant dans les égouts (mais on commence à avoir l'habitude), hisser à bord du bateau, transvaser dans le réservoir...
- plein de fruits et légumes.
- au revoir aux amis, pas mal d'émotion, quand se reverra-t-on ?
Le pays et les gens sont tellement attachants quand on arrive à sortir de la relation riche-pauvre (au sens financier du terme) ou colonisateur-colonisé.
Demain matin on va aller à l'aéroport faire tamponner nos passeports. Eh oui quand on part de Casamance en bateau, il faut passer par l'aéroport. En plus on va encore dormir une nuit au Sénégal...
A la mi-journée on va quitter Ziguinchor en essayant d'avoir un courant de marée pas trop contraire. On passera notre dernière soirée africaine à terre à la Pointe St Georges chez Gilbert et Clara un petit resto chambre d'hôte.
Grans départ vendredi en fin de matinée pour sortir de la Casamance avec la marée haute...
Rendez-vous au Brésil jste avant Noël.
Gros bisous à tous.....
Casamance -Niomoune
Samedi 29/11 :
Vers 9h on achète des hameçons, du fil de pêche, des cahiers et stylos et on récupère Joseph au Perroquet.
Et en route pour Niomoune, un village de bolong dans le bas du fleuve.
Sur les conseils de Guy pendant le trajet on prépare des petites lignes : fil de nylon et un hameçon sur un bout de carton. Ce seront des cadeaux utiles pour les enfants du village, avec en plus quelques cahiers et bics. Bien mieux à notre sens que d'offrir des bonbons.que pourtant ils nous demandent. Alors qu'ils ont les meilleurs bonbons du monde, le pain de singe, fruit du baobad par exemple...
On a calculé notre coup pour profiter du courant de marée et arriver à marée haute à l'entrée du bolong. En effet, il faut passer un banc de sable, il doit y avoir 2.50m d'eau et Soualé fait 2.30m de tirant d'eau, heureusement que les fonds sont en sable ou en vase.
On approche doucement, doucement bien en face du bolong au tiers gauche et ça passe.
le camp de pêcheurs à l'entrée du bolong
Au milieu du bolong on jette l'ancre pour un petit repas tranquille : tiéboundien avec crevettes sauce oignons et tomates et du riz bien sûr, préparé par Joseph, Françoise et moi (Marie).
Puis on reprend notre navigation vers le village à un ou deux milles et soudain… tanqué ! le bateau est planté dans un banc de sable, 0.90 m au sondeur, les fonds sont remontés si vite vers le banc de sable.. … Finalement à coup de marche arrière-avant et propulseur d'étrave babord-tribord on arrive à se dégager.
Arrivée à Niomoune, toujours le même petit coin de paradis (enfin vu par nous).
On part en caravane à travers les rizières, l'activité principale du village,
et la récolte commence maintenant.
On va chez Joseph où nous attend Eugénie et leurs enfants Benjamin 3 ans et Louis 8 mois.
Benjamin (au centre) avec ses copains de la cour du quartier
Eugénie et Louis dans son fauteuil favori.
A l'apéro on boit du vin de palme récolté le jour même (du coup il n'est pas trop fermenté sinon zoum zoum dans la tête), ça pétille un peu. Elie nous explique comment se fait la récolte là-haut au sommet des palmiers, c'est un peu le sirop d'érable sénégalais, quel boulot ! On donne les hameçons, fil de pêche, cahiers et stylos aux enfants du quartier.
On attend les anciens du village et le féticheur, Alain a demandé une cérémonie pour que les dieux du village veillent sur Soualé et sur notre traversée. La nuit est tombée, on nous conduit devant l'enclos du fétiche, les anciens ont seuls le droit d'y entrer.
l'enclos des anciens, l'arbre et le fétiche (de jour !)
Les autres habitants du quartier sont là, assis dans le noir sur des troncs d'arbre, chaque famille a sa place bien précise. Les femmes arrivent, elles s'installent à quelques mètres en arrière.
Les cadeaux sont apportés, vin de palme (trente ou quarante litres) et sodas divers.
Tout se passe dans l'obscurité, on entend quelqu'un psalmodier, Alain explique sa demande, Joseph traduit, une personne de l'assemblée intervient au nom des habitants, les anciens se concertent et invoquent le fétiche pour qu'il accepte de protéger notre voyage.
Finalement on nous appelle, on se présente un par un devant l'entrée de l'enclos, et un ancien, le féticheur sans doute nous enduit les mains et le front avec un mélange de sable et de vin de palme.
Ensuite des calebasses sont alignées, les femmes amènent la leur. Elles sont emplies de vin de palme et chaque famille reçoit la sienne et chacun son tour on boit avec une jolie louche en bois.
A un moment une ancienne nous parle en reprenant la bénédiction qui a été faite tout à l'heure. Les femmes répondent "amin, amin", Hortense l'amie d'Eugénie traduit, et nous lui répondons en souhaitant la paix et la prospérité dans le village et les familles. L'une dit "ici on n'a pas grand-chose, mais on a les arbres et les oiseaux.."
Dans la soirée je croiserai quelques personnes qui ont fini le vin de palme et qui rentrent tant bien que mal chez elles.
Repas chez Joseph, Eugénie avait préparé un tiéboundien, grand plat de riz et de poisson, le repas de tous les jours ici. On mange "en famille" tout le monde au tour du plat dans lequel on pioche directement à la cuillère. Bien qu'il n'y ait pas de "dessert", J'ai fait un gâteau "mamie lolo" avec banane et noix de coco que l'on a partagé..
On rentre à la nuit, Joseph et Elie nous raccompagnent. Demain Elie sera en brousse, travailler à la récolte du vin de palme.
Dimanche 30/11 :
Lever un peu tard, on a raté la messe. Dommage car en arrivant juste pour la sortie, j'ai entendu de la musique, des percus, des chants etc.. ça devait être pas mal !
Visite chez Joseph, en chemin je commence à croiser des têtes connues ; un autre type de relations est en train de s'établir.
J'amène mon ordi pour transférer mes photos de la veille sur une clé USB, les voisines et les enfants arrivent. Tout le monde est content de se voir, magie de la photo…
On voudrait rester encore un jour, pour aller faire un tour au collège, mais les heures de marée nous en empêchent, il faut repartir cet après-midi.
On se dépêche de faire visiter le bateau, une première fournée avant le repas, d'abord aux vieux Samuel, Daniel, Basile (qui ressemble à un acteur qui joue les flics dans les séries), puis les femmes Zita et sa petite Cécile de 2 ans, Léontine, Hiacinthe, Gisèle qui sont en 4ème et 3ème en cours avec Joseph.
Repas chez Joseph, dans la cour, canard et frites. Eugénie n'a pas chômé encore une fois. Dans la maison faite en banco (briques de terre séchée) Françoise épluche les pommes de terre, et je fais cuire les frites à la poêle!! Moi qui ne les fait jamais à la maison, c'est toujours Jade qui s'en charge…Les hommes refont le monde à l'ombre d'un amandier de Cayenne en buvant du vin de palme. Les canetons se disputent les intestins du canard qui a été tué pour l'occasion.
Jeannette, la mère d'Eugénie, Angélique sa soeur et Zita la voisine avec Cécile
Deuxième fournée de visite du bateau, même Jeannette la belle-mère de Joseph est venue à bord, Angélique la sœur d'Eugénie, et Alphonse avec sa casquette, surveillant au collège..
Pour eux cette visite est importante car un des anciens nous a dit que le bateau c'était comme une maison et qu'ainsi maintenant il peut voir comment nous, nous vivons chez nous. Il nous a reçu chez lui et nous avons pu lui rendre la pareille. On réalise alors que ce moment est un grand pas dans la connaissance mutuelle. Dommage de partir maintenant, c'est sûr qu'il y aurait eu beaucoup encore à échanger. Mais on garde le contact !
En quittant le bolong on passe pas bien loin du fétiche des femmes que nous avait montré Joseph. C'est une petite construction en branches sur le bord de la mangrove. Chaque fois que les femmes quittent le village, elles saluent le fétiche en versant du vin de palme ou de l'eau dans le bolong. Et une ou deux fois par an, elles viennent toutes ensemble voir le fétiche pour protéger les navigations des pirogues dans les bolongs et sur la Casamance. Ainsi de Soualé au passage, Françoise verse du vin blanc, je verse de l'eau..
En fin d'après-midi, après la visite à bord des militaires, on jette l'ancre devant la Pointe St Georges.
Petit tour à terre avant la nuit. Beau village, les maisons sont toutes recouvertes de toits de paille, grands arbres parmi eux d'énormes fromagers le kapokier en diola ...., pas de voitures. On cherche un endroit pour boire un coup et c'est ainsi qu'on se retrouve chez Gilbert (Gigi) et Clara.
1ère tournée, rhum et bissap, cuncanchara (rhum, miel, citron), 2ème, 3ème tournée..il faut bien se préparer à ce que l'on va trouver outre atlantique!!
La discussion est animée, Gigi est loquace et passionnant, il a vécu 5 ans sur son bateau en bois avec Clara à Niomoune et depuis 6 ans à St Georges. Ils ont construit leur maison petit à petit, et aménagé un magnifique jardin luxuriant : palmiers à dattes, palmiers ronier, palmiers coco, citronniers énormous, bananiers, ananas, bougainvilliers de toutes couleurs, basilic, laurier,.. Alain a trouvé un alter égo de l'afrique (un africain blanc comme il dit). Les échanges sont riches autour de la place du toubab en Afrique et surtout en Casamance, de son adaptation, acceptation avec les diolas, peuple accueillant.. On rentre à la nuit, Gigi nous raccompagne.. On sait l'annexe lourde (dû au mouillage avec ancre de secours de 40 kgs qui a servi à l'amarrage dans le bolong de Niomoune).. Chacun prend sa poignée, Gifi y compris, on tire on soulève, on pousse, rien à faire!! On avait oublié de retirer l'amarre enroulée autour d'un énorme tronc d'arbre!! Ah les bienfaits du rhum.. Fous rires toute la soirée une fois arrivés sur Soualé.
Lundi 1er décembre
JJ se lève au petit matin et ne reconnaît pas le paysage de la veille… On a dérapé!!!
Coup de chance, l'ancre a raccroché 200 m plus loin et on est parallèle à la plage, dans un fond suffisant…. Ouf, on a eu chaud. On aurait pu s'échouer à terre, cogner sur des pirogues ou dériver dans le lit du fleuve!!! Il y a un très fort courant ici, et le mouillage manquait de chaîne.. mais les fétiches de Niomoune veillaient sur nous.
Le lendemain après un nettoyage de fond du pont et de l'annexe, on retourne à terre saluer Robert qui répare un trimaran en triste état.. Robert travaille au CVD à Dakar, et on le retrouve ici, pour une grosse réparation. Il est près de son pays d'origine, il est de Ossouilles sur la route du cap Skirin.. Il est hébergé dans une famille avec qui il a des liens de parenté et envisage de revenir dans son village (qui aurait envie de rester à Dakar ?) pour construire un four et faire du pain.. On l'emmène boir un coup chez Gigi et Clara.. revisiter le rhum au bissap!!
Clara a fait un tiébounyap (volaille, riz oignons) et souhaite qu'on le partage.. A l'africaine, chacun sa cuillère, on pioche dans le plat.. Elle est de Bignona où vit son fils de 18 ans et est venue s'installer ici avec Gilbert dans le village de Siméon, son oncle. Cette fois on parle littérature africaine, Gigi sort des livres qu'il a dénichés à Ziguinchor.. On parle de la langue des peuls le poular, de celle des diolas qui ont moins de mots qu'en français. Mais ils ont des mots pour exprimer à la fois une odeur et un son.. A creuser!!!
Très belle rencontre, difficile de partir à nouveau..
En arrivant sur la plage, on voit Bororo qui a tenté de nous faire un coucou par VHF mais on n'était pas là et il s'éloigne vers Karabane. JJ et moi retournons sur Soualé à la nage en évitant une belle méduse. Fleur de Vie arrive sur nous et mouille à côté. On s'échange la pile ramenée de France, et les CD d'Ass One destinés à Guy, Renée et Clo. Effusions d'adieux, car nos chemins se séparent ici. Ils vont à Trinidad au large du Vénézuela via le Cap Vert, tandis que nous traversons vers Bahia. Véro la sœur de JJ les rejoindra peut être aux Antilles.. Nous ne nous verrons donc pas.. Dommage!!
Vers 15h30, on lève l'ancre pour retourner à Ziguinchor où on arrive pile poil à la nuit (il est interdit de naviguer de nuit sur la Casamance), on commence à bien maîtriser les marées et les courants de la Casamance.
On va préparer la traversée : pleins de gaz oil, d'eau dans les 2 réservoirs, d'eau à boire, compléter les vivres qui se conservent et faire la liste des légumes pour les acheter au dernier moment aux femmes du petit marché... Et ne pas oublier de retourner au village artisanal chercher les sandales commandées.
Mardi soir repas avec Fernand et Titi.
Abéné - suite
une petite carte de Casamance pour mieux situer l'épisode en cours et les suivants...
Jeudi 27/11 :
Un tour à la plage, un grand bain dans l'océan, ça fait du bien, on est souvent SUR l'eau en voilier, mais pas souvent DANS l'eau alors on en profite. On est les seuls à se baigner sur cette immense plage, belles vagues, eau chaude ; quelques gambiens ou sénégalais dorment sous les arbres ou bricolent dans les paillotes ; et s'ils peuvent draguer un peu une toubab, sait-on jamais, ils n'hésitent pas.
Repas tiéboundien excellent à 1000 CFA "chez Véro" une libano-sénégalaise, il y a beaucoup de libanais installés en Afrique de l'Ouest. Puis en fin d'après-midi Jules et Prune viennent nous chercher pour assister à une répéte de percus, un groupe dans lequel joue leur ami Lye.
Comme c'est un peu loin, on prend une Djakarta, c'est-à-dire une petite moto qui fait taxi dans le village et quelques kilomètres autour. On monte à trois par moto et on part sur les sentiers sablonneux dans la forêt jusqu'à la maison où a lieu la répétition. Superbe maison avec un magnifique jardin, dans la forêt. Un peu comme aux Planes à Cadenet, mais en plus exotique.
On écoute, on regarde danser, les filles s'essaient à la danse, les garçons aux percus.
je patauge un peu mais ça revient, un bon moment sympa.
Encore un bon moment de partage avec des gens vraiment sympas. Tout le monde dit que les Diolas sont des gens accueillants, on le vérifiera encore…
Un petit tour chez Lye pour voir où il habite et discuter de leur projet commun avec Prune et Jules. Sans doute créer un verger d'agrumes sur un terrain qu'ils ont visité. Ils en sont à l'ébauche.
Retour de nuit, à pied par les petits chemins de campagne avec les bruits de la forêt det de la campagne, des vers luisants, une multitude d'oiseaux, des grillons. On peut croiser des singes par là et des chiens pas du tout agressifs empêchent les singes de voler.
Vendredi 28/11 :
Lever tôt, un taxi brousse qui a des places, dégoté par Gérard vient nous prendre devant chez lui à 6h1/2. Il fait encore nuit, on voit et on entend le village et la nature s'éveiller. Un beau moment encore.
De retour à Ziguinchor, on retrouve Alain qui a avancé sur les questions de sortie du territoire sénégalais. Dans l'après-midi on a rendez-vous avec Joseph, de retour de Dakar, au marché artisanal pour l'achat d'une paire de sandales. Demain il embarque avec nous pour rentrer chez lui à Niomoune. Soirée dans un resto pas terrible avec Fernand, Fleur de Vie et Bororo. Grande discussion autour de l'humanitaire et de l'attitude à avoir avec les gens face à leurs demandes plus ou moins pressantes.
Samedi 29/11 :
Départ de Mathilde et de Tonton qui rentrent en France par le même avion. Au revoir Tonton, ton humour et tes facéties vont nous manquer. Nos pensées sont avec toi, pour te soigner. On espère te revoir bientôt. Bon retour à toi aussi Mathilde et à bientôt…
Casamance - Abéné
Mercredi 26/11 :
Hier massage ressourceur pour Alain, Françoise et moi par Irène Coli, mariée à un toubab. JJ a préféré renseigner le blog.
Retour à terre tôt le matin, Alain reste à Ziguinchor. Marie Françoise, Marie et moi partons pour Abéné dans le nord de la Casamance. On se rend à la gare routière : vaste esplanade poussiéreuse (comme d'habitude) où des centaines de véhicules sont stationnés ; mais uniquement des breaks Peugeot 505 et des fourgons Mercedes, un parking qui aurait bien plû, j'en suis sûr, à JJK, il avait les mêmes, en mieux...
Pas la peine de se casser la tête pour savoir d'où part celui qui va à Kafountine car on est immédiatement pris en charge par un rabatteur.
On charge nos sacs dans le coffre, un passager est déjà là, il occupera la place avant, nous trois sur la banquette du milieu. Il manque encore trois passagers pour la banquette arrière et on pourra partir. Le taxi-brousse est à horaire variable, il part quand il y a 7 passagers à bord. Une femme arrive, son gros sac se retrouve sur le toit avec un meuble vitrine en verre (dans quel état va-t-il arriver ?) et enfin deux hommes, dont un très grand qui va avoir du mal à caser ses jambes vu la taille de la banquette arrière…
Finalement on aura attendu seulement ¾ d'heure.
Environ deux heures ½ de route pour 70 ou 80 km pour 2500 F CFA (7 ou 8€). Contrôle de flics avant le pont, contrôle de douane après le pont et ensuite 10km de pavés plus ou moins réguliers à travers le bolong avant de trouver le goudron. La route est bonne, c'est celle qui remonte sur Dakar via la Gambie. Ensuite on oblique vers l'ouest sur une route avec davantage de nids de poule, la voiture roule souvent à gauche, voire sur le bas côté lors des plus gros trous.
A proximité des villages ou hameaux, on trouve des ralentisseurs maison : des troncs d'arbre en chicane en travers de la route. Lorsqu'il y a un militaire posté devant la chicane, il faut s'arrêter le temps qu'il jette un coup d'œil au véhicule. On sent que la Gambie est proche et que pas mal de trafics de marchandises en tous genres passent par là.
Le paysage défile : mangrove, forêt, champs de riz, palmiers, maisons et villages. A l'approche des maisons des chèvres, poules chiens, enfants occupent ou traversent la route sans que personne ne trouve à y redire.
A Kafountine, appel à Thérèse, la copine de Brahima, on veut la rencontrer et connaître leur fille qui n'a pas tout à fait deux ans. Elle vient nous chercher. Une petite jeune sympa (23 ans) et tout sourire, contente de nous rencontrer. Elle nous amène chez son père (en "banlieue"), une maison dans un beau jardin. Beau-papa ou plutôt Bo (c'est son nom) est un peu sur ses gardes, qui sont ces toubabs qui se disent amis de Titi l'espèce de musicien, ivoirien de plus, qui a osé faire un enfant à sa fille ?
La petite Korotoum se demande qui on est. Lili, la mère de Thérèse nous salue et continue à travailler, la grand-mère, elle, trie le riz, assise dans un coin.
Bo me demande comment j'ai connu Titi, l'espèce d'artiste qu'il ne semble pas apprécier particulièrement car il ne peut pourvoir aux besoins de Thérèse et Korotoum. En plus il est étranger (ivoirien) et musulman (Bo est catholique). On comprend qu'il a fait revenir sa fille à la maison pour reprendre les choses en main et pour qu'elle repasse le bac (elle a 23 ans, mais ici c'est souvent à cet âge qu'on est bachelier). J'essaie de redorer un peu l'image de Titi auprès du pater familias. Petit à petit il s'ouvre, se raconte, et un échange sympa s'établit avec lui. Au moment de partir on se rend compte qu'il a apprécié qu'on soit venu faire connaissance avec lui et sa famille.
Ensuite on part pour Abéné, le village d'à côté. On débarque chez Gérard et Dienaba petit resto sympa avec quelques chambres derrière.
On en prend deux à 3000 CFA la nuit.
la chambre très sommaire mais propre et fraîche.
La douche propre et bien carrelée et avec un superbe plafond
Il fait chaud, on se pose pour un petit repas sympa. Sans qu'on ne demande rien, Gérard téléphone à Prune et Jules pour les avertir de notre arrivée; Ils ont sympathisé avec Lye, le peintre du village, ils habitent chez lui pour une quinzaine de jours. En effet, ils ont décidé de quitter le rallye pour rester à Abéné; Séduis par le coin, les gens, ils sont en train de voir comment ils peuvent s'installer ici. Ils pensent rentrer en France pour se faire un petit capital puis revenir monter leur projet. Clotilde est partie faire un tour en Gambie et on ne la croisera pas à Abéné.
En fin d'après-midi balade jusqu'à l'océan, au bout de la rue. Grande plage, paillotes (des vraies !), petits restos et campements qui ont l'air bien vides cette année ; mais ce n'est que le début de la saison touristique. L'aéroport de Banjuls, la capitale de la Gambie, n'est qu'à quelques kilomètres, ce qui rend accessible ce bout du monde.
Après 16h on commence à entendre des percus à plusieurs endroits dans la campagne : ce sont des répétitions de groupes en vue du festival de fin d'année et du pré-festival du week end prochain.
Le soir on trouve un petit resto bien décoré qui semble animé. On nous fait une place à une table à côté d'un groupe de cyclistes allemandes. Soirée musique avec un groupe local : kora, guitares, percus. Le resto est tenu par une sénégalaise mariée à un peintre hollandais qui vient discuter un bon moment avec nous. Il y a pas mal d'européens dans le coin qui ont acheté ou fait construire une maison.
J'arrête là. Deux heures pour arriver à envoyer ces images.. La suite demain...
casamance suite 2
Samedi 22/11 :
Aimé part de bonne heure prendre son avion. Ça fait un vide sur le bateau…
On apprend par Alain qu'un ami français qui fait plein de projets de développement intéressants dans les villages depuis des années a, de retour au Sénégal, été foutu dehors de chez lui par sa compagne sénégalaise. Il n'a plus rien, ni maison, ni voiture, alors qu'il a tout payé. Il n'a même pas pu récupérer ses affaires personnelles. Ici difficile de faire valoir ses droits, l'état de droit au Sénégal a encore des progrès à faire dans la réalité quotidienne. Et les sénégalaises sont âpres au gain, on nous l'a souvent dit.
A l'heure du petit déj, tour des bateaux pour récupérer l'argent pour la soirée musique et danse de ce soir ; on a été accueilli sur Tiamat par les trois filles Anne, Cindy et Prune armées d'un pistolet à eau, d'une machette et d'une cafetière…
Vers 18h30 débarquement des musicos, ils poussent quatre tables, branchent la sono et c'est parti.
Ass One, sept gars du coin, dont Ibrahim dit "titi jah", qui vivent tant bien que mal en jouant dans les hôtels du cap Skiring (Club Med.) à 70 km de Ziguinchor. Où il y a des "touristes crocodiles" comme ils disent (car ils sont enfermés derrière les grillages du Club Med et ne sortent jamais de leur complexe hôtel, plage piscine et bus climatisé).
Titi Jah à la basse et à l'ambiance..
Adji le boss et arrangeur guitare solo et chant mais pas celui qu'on entend le plus...
Remerciements à Alain qui a fait le clip d'Ibrahim (Titi Jah "le coq" sur Youtube) il y a deux ans. Ce qui lui permet de passer à la TV et d'avoir un peu de notoriété. Après un début de musique un peu variétés (surtout brésilienne, ce qu'on leur demande dans les hôtels), ils en sont venus à leur répertoire à eux. Et l'ambiance a totalement changé..
C'était super.. Il y avait le groove et le rythme.; Françoise, Christiane, Clo, Mathilde, Anne, Axel, JJ et moi, on a dansé comme des oufs sur une musique de dingue...et en fin de soirée les cuisinières et serveurs s'y sont mis aussi sur la danse des fesses.
Ils ont fait participé Marie sur les voix. Du coup, elle a transformé la rythmique d'un morceau. A la fin Adji, Ibrahim et Marie ont décidé de faire une répéte lundi sur Soualé, pour le fun…
Tout le monde est reparti suant, rayonnant, heureux de cette soirée.
Dimanche 23/11 :
Petit déj tranquille, nettoyage du bateau, visite de Fleur de Vie, etc…
En fin de matinée, après une tentative de formalités douanières incertaines, départ de tous les bateaux, sauf nous, vers l'aval du fleuve.
Nous comme c'est dimanche, on reçoit sur Soualé : Malik et son fils de 6 ans Mustapha. Malik et sa femme sont profs au grand lycée de Ziguinchor; Discussions intéressantes sur le Sénégal, ce qui s'y passe, comment vivent les gens, etc..
Casamance - suite
Vendredi 21/11
Pour notre dernier jour avec Aimé qui rentre demain en France, nous avons fait une belle ballade en pirogue.
Grace à Boubakar, rencontré au hasard dans les rues ; il nous a accroché en nous proposant des cartes postales et en récitant la géographie française (montagnes, fleuves, préfectures, etc…). Il m'avait déjà fait le coup il y a 3 ans. En fait, il est surtout organisateur de balades et s'est révélé être un très bon guide, super intéressant. Avec lui pas de mauvaises surprises : 15000 F CFA/personne la journée tout compris (repas de midi, visites, etc…).
Il peut embarquer jusqu'à 15 personnes mais il accepte de faire le même prix à partir de 3 ou 4.
On a eu la pirogue pour nous seuls du matin au soir.
Au départ passage par l'île aux oiseaux, il connaît bien la faune et la flore.
les amingas, oiseaux serpents...
Puis remontée du bolong jusqu'à Djilapao,
un petit village de forêt où l'on est rentré chez des gens.On a goûté aux bonbons africains : il faut éclater sur une pierre le pain de singe, fruit du baobab (ça a la forme d'un petit melon jaune mais avec une queue et l'écorce est dure et elle est urticante)
l'intérieur ressemble à du Chamalow un peu dur, très bon.
éclatement du pain de singe par une aînée
Emilienne, Etienne et Robert finissent de lêcher le lait de coni fruit du ronier en wolof
Dans une autre maison des femmes tressent des palmes de palmier Ronier, celui qui permet aussi de produire le vin de palme qui fait "zoum, zoum dans la tête".
Arrêt à la case à étages, une curiosité locale construite par un villageois qui était venu en France et qui s'est inspiré des immeubles de chez nous.
Jean Yéyé après avoir séjourné en Ffrance a transformé sa case en sculptant les murs avec des scènes de vie quotidienne ou avec des toubabs homme et femme à poil ou presque..
A l'intérieur il a fait des bas reliefs en argile sur des scènes de la vie du village.
Ensuite re-pirogue jusqu'à Affiniam, un gros village de 5000 habitants au fond d'un bolong.
Repas près d'une case à impluvium. En fait une grande case circulaire dont le toit est incliné vers une sorte de cour intérieure, on a l'impression d'un cloître de chez nous au centre duquel se trouve un bassin pour recueillir l'eau.
c'est aussi un campement ou on peut passer la nuit pour 3000 CFA
A l'origine, c'était une habitation fortifiée et avec cette réserve d'eau les gens n'avaient pas besoin de sortir quand il y a avait du danger à l'extérieur.
Visite du "centre" du village : au même endroit une église moderne en béton, et le grand fromager sacré des cultes animistes.
une autre rue du "centre". avec 1er plan sur un fromager..
Retour à la pirogue par les champs, rizières et troupeaux de vaches.
Raccourci par un tout petit bolong au milieu des palétuviers dont les racines sont couvertes d'huitres ramassées par les femmes qui coupent les racines de la mangrove pour les récolter.
les huitres sur les racines des palétuviers
Elles les cuisent et les coquilles sont envoyées dans une usine pour faire de la chaux ou du ciment.
Une autre méthode de ramassage est adoptée maintenant par les femmes pour permettre à la mangrove de s'étendre.
Retour à Ziguinchor en fin d'après-midi.
Arrivée en Casamance
Mardi 18/11/14
Fin de matinée, la chaleur commence à monter, heureusement il y a quand même un petit vent.
Finalement, nous avons quitté Dakar et les effluves de la baie de Hann vers 16h, hier. Soulagés de reprendre la mer, de sentir autre chose que les odeurs d'égout, d'entendre autre chose que la sirène des trains et les appels du muezzin (le premier vers 4h1/2), mais nous on a bien les cloches. Alain a pu, malgré bien des rebondissements, faire à peu près toutes les démarches pour le visa brésilien d'Omar. Quant à savoir s'il l'aura à temps pour le départ, rien n'est sûr. On verra bien, c'est l'Afrique !
Un bon petit vent nous pousse vers le sud-est, cap au 161° vers la bouée de l'entrée de la Casamance. Mais… au soleil couchant, on devrait l'avoir sur notre ¾ arrière tribord, et les lumières de Dakar sur l'arrière ; or le soleil est par notre travers et Dakar sur babord arrière ???
En fait un fort courant d'est nous a poussé vers le large, on marche en crabe avec un très gros écart de route, en plus le vent baisse, si on continue comme ça, on va arriver dans la nuit. Or il faut impérativement arriver de jour et à marée montant pour entrer dans le fleuve. Après dîner, on met le moteur en route, on roule le génois, on essaie d'être au cap car le vent est pile sur l'arrière. On va empanner plusieurs fois en début de nuit.
1er 1/4 de nuit assuré par Marie et Françoise. Coup de bol, belle nuit, 1 cargo au loin qui occupe pratiquemment tout le 1/4 et un filet dérivant solitaire que l'on laisse tranquille à babord. On est vent arrière, et malgré le frein de bôme on veille à ne pas empanner lorsque le vent tourne légerement. Pour ne pas réveiller les dormeurs et pour éviter les manoeuvres. Puis en passant devant la Gambie, on est obligé de ralentir plusieurs fois : d'abord des pirogues non éclairées qui agitent un brasero ou mieux une lampe de poche quand on leur arrive dessus. Et des filets dérivants qui clignotent devant, la question se pose : où est le passage ? On arrive à passer entre les mailles pas très loin d'un truc qui clignote, bouée de filet ou pirogue à l'ancre ? Impossible de savoir, même à peu de distance.
Tout cela ira bien mieux une fois le soleil levé : grosses pirogues bien visibles, chalutiers qui n'ont pas vu un pinceau depuis des années ; mais tout ça a l'air de flotter encore sans problème. Et les crevettes pêchées ici se retrouveront bientôt dans nos assiettes européennes.
Entre petit déjeuner et repas de midi, c'est sieste pour les uns, salon de lecture pour les autres. On avance tranquillement mais au moteur pour arriver en début de marée à l'entrée de la Casamance et être au mouillage avant la nuit.
En vue de l'embouchure de la Casamance vers 15h, suffisamment tôt pour pouvoir rentrer avant la nuit. On a alors cherché "la porte d'entrée" du fleuve. Il ne faut pas louper le chenal car il y a des bancs de sable partout. Et bien sûr ils ne sont pas cartographiés car ils bougent souvent.
Grâce au GPS on a rapidement trouvé les deux premières bouées rouge et verte. Elles sont numérotées ensuite il faut chercher les suivantes aux jumelles sans sauter un numéro. Ainsi on arrive à slalomer entre les bancs de sable sur lesquels la mer déferle.
Dans le fleuve derrière les bancs de sable...
Arrivée dans le fleuve accueilli et accompagné par un groupe de gros dauphins marrons ( "ici même les dauphins sont noirs"…).
Contrôle par les militaires de la marine, pendant ce temps les dauphins nous attendent en tournant autour du bateau à l'arrêt. Ensuite, on a jeté l'ancre devant Karabane repéré de loin par son antenne (ici chaque village a une antenne pour le réseau de tél. portable) on ne voit pas les villages cachés par les arbres mais les antennes qui sont elles repérables de loin.
On a mouillé pas loin du quai tout neuf du ferry de Dakar qui s'arrête maintenant plusieurs fois par semaine, je pense que ça va transformer la vie des gens de l'île.
C'est un petit village de quelques dizaines de cases, avec 2 hôtels, un resto, une maternité, une église et une mosquée (rare dans cette région), un magasin de vêtements (créations et confection sur mesure en 30 minutes) chez Paco Karabane… si, si !
Pas de voitures, mais depuis peu l'électricité par panneaux solaires. Et aussi le poste militaire : quelques fauteuils devant une grande case, mitrailleuse à poste (il parait que les munitions sont tombées plusieurs fois à l'eau), on ne risque pas grand-chose, sauf peut-être un gamin qui passerait par là et qui voudrait jouer avec l'engin… N'empêche çà fait froid dans le dos de passer devant et de se sentir visé..
Ensuite, petit tour au Barracuda pour boire un coup sur la terrasse face à l'eau sous une paillote. La Gazelle, bière sénégalaise est incontournable, pas mauvaise, on la trouve partout. Discussion avec des français en vacances pour la pêche (ils viennent ici plusieurs fois par an pour pêcher en tre autres des capitaines, gros poissons très bons), ils devaient être onze, ils ne sont que deux : la hantise d'Ebola, alors qu'ici il n'y a pas grand-chose à craindre. Un spécialiste en hydrologie, chargé de la construction d'une base de la marine nous parle des efforts de ce village pour être salubre et respecter le cadre et l'environnement. Par exem^ple, ils brûlent les poubelles au lieu de les jeter n'importe où. Alors on se sent péteux quand on apprend qu'un voilier de la flotte a laissé ses poubelles sur la plage sans se poser la question du ramassage.. Ensuite, retour à bord, nuit sans vagues et sans trop de moustiques.
Mercredi 19/11
Départ de bonne heure (7h) pour ne pas avoir le courant contraire de la marée descendante. On va remonter le fleuve, large de 1 à 3 Kms selon les endroits, pendant 5 heures pour arriver à Ziguinchor la capitale de la Casamance.
Ici le fleuve c'est l'autoroute, c'est par là que se fait une grande partie de la circulation vers les villages des bolongs (les bras du fleuve qui s'enfoncent dans la mangrove et au bord desquels sont installés des villages, campements, etc…). C'est aussi une ressource importante car il y a beaucoup de poisson et d'huitres.
Sur le trajet on a pris un pirogue stoppeur à bord.
Joseph, un prof de français au collège de Nioumoun, petit village sur un bolong. Je connais Joseph et je corresponds avec lui depuis 2011. Il avait besoin de venir à Ziguinchor pour un enterrement, mais ce n'était pas le jour de passage de la grosse pirogue qui dessert son village. Il savait qu'on était dans le coin, il m'a appelé et on l'a retrouvé au milieu du fleuve sur la pirogue d'un voisin pêcheur et on l'a embarqué avec nous.
Comme on avait de la carangue, il nous a préparé un tiefboundien spécialité sénégalaise de poisson riz pendant la remontée sur Zig, aidé de Mémé qui avait pêché le poisson et était très intéressé par une nouvelle recette.. Il faut dire que Mémé il sait y faire avec les poissons, ses recettes à lui sont excellentes aussi; précision apporté par Marie...
le photographe photographié...
l'apéro à bord, entre hommes vous remarquerez ...
Arrivée à Zig vers 12h.
Un certain nombre d'entre nous sont revenus d'Abéné (un village plus au nord où ils ont livré du matériel), d'autres rentreront jeudi en bus de brousse après avoir fait un chantier sur place.
Alain et moi nous nous improvisons "organiseur de spectacle" : Samedi soir, un concert au Perroquet (notre resto débarcadère, camp de base, point de RDV) avec un groupe d'ici : Ass One. Nous connaissons bien l'un des musiciens, Titi Jah que nous suivons depuis 2011.
Avec le soutien de Guy et Renée de Fleur de Vie et de Patricia de Bororo, on a passé un bon moment à organiser ça avec eux.
Ils travaillent de manière sympa : après déduction des frais, partage du reste des cachets en sept parts égales, soutien les uns aux autres pour les compositions personnelles, les enregistrements. Titi a apporté un peu de sa notoriété au groupe : le clip qu'Alain lui avait tourné en 2011, lui a permis de passer à la TV, les gens le reconnaissent et l'arrêtent dans la rue.
Ils galèrent pas mal car il y a bien moins de touristes à cause de la crise en Europe et d'Ebola ; alors que le pays n'est pas touché, les gens n'osent plus venir, c'est le grand n'importe quoi des médias qui cherchent le sensationnel avant l'information.
Il fait chaud mais supportable, l'eau du fleuve est à plus de 30° mais on ne se baigne pas car on est trop près de la ville et des égouts.
Ce soir RDV avec d'autres personnes rencontrées lors du voyage précédent. Ensuite on verra, sans doute un tour dans des villages et bolongs aux alentours.
J'arrête là. Il est 22h30, je suis sur le pont du bateau éclairé à la frontale en utilisant le wifi de l'hôtel sur le rivage à 300m. ce soir ça passe bien.
Prochain épisode sans doute demain...
Dakar encore
Dimanche 16/11/14
On est toujours à Dakar. Normalement Alain devrait avoir fini ses démarches demain matin. Il engage Omar, un jeune sénégalais qui travaille par intermittence sur les bateaux qui arrivent au CVD. En effet, il l'embauche pour faire son grand tour Sénégal, Brésil, Côte d'Ivoire, Sénégal, Maroc ou Canaries. Pour cela, Omar doit mettre à jour sa carte professionnelle (visite médicale), puis demander un visa pour le Brésil avec tout un tas de papiers qu'Alain doit fournir. Si tout est Ok, on part demain pour la Casamance, rejoindre les 9 autres bateaux.
On a profité de ce long arrêt ici pour réparer le guindeau (qui sert à remonter la chaîne et l'ancre). Il était très fatigué après 9 ans de service et pas de révision. On a réussi à le faire réparer par l'intermédiaire de moussa un gars qui travaille au CVD. On a payé royalement 75 000 F CFA (environ 120€), en France, on aurait dû changer la moitié des pièces, et payer sans doute 5 fois plus. Tout est en place maintenant et ça fonctionne bien.
Il est temps que l'on parte, hier soir le vent avait tourné et on s'est retrouvé à flotter sur un véritable égout, s'endormir avec les moustiques et une tenace odeur de m… bien loin de l'image du voilier qui se balance légèrement sur son ancre, sous la lune et les parfums de l'alizé tiède.
On va quasi quotidiennement au centre-ville (Le Plateau), pour cela, il faut prendre un taxi jaune et noir. Les marques les plus vues Toyota Corolla, 205, Renault 18. Bien sûr d'un âge plus que vénérable, le moteur tourne, les freins vaut mieux pas savoir, le tableau de bord la jauge essence marche encore, les phares ça éclaire un peu. Ouvrir la porte est tout un art et ne parlons pas du coffre quand il y a des bagages. Parfois on trouve des voitures quasi neuves : une marque iranienne ou une Tata indienne…
Avant de monter dans le taxi :
- se renseigner sur le prix auprès de quelqu'un de confiance,
- trouver de la monnaie,
-b arrêter un taxi (pas trop difficile car ils s'arrêtent dès qu'ils voient quelqu'un sur le trottoir ou ce qui en fait office),
- dire où l'on va, demander s'il connaît,
- discuter le prix, en général c'est au moins 50% plus cher que le prix normal,
- refuser de monter tant qu'on n'a pas eu le bon prix, ou bien partir chercher un autre taxi,
- si c'est d'accord demander s'il a la monnaie à rendre sur… selon le billet que l'on a,
- si le chauffeur dit qu'il a la monnaie, monter dans le taxi.
Si le gars joue le jeu ça discute foot ou voiture pendant le trajet, sinon c'est la litanie des récriminations… Lorsque l'embouteillage dure un peu longtemps, et que le chauffeur y met du sien, on arrondi un peu le montant de la course (du CVD au centre ville 15 à 30 min selon la circulation c'est 2000 F CFA le jour, 3€).
On a profité de cette escale un peu longue pour fréquenter l'Institut Français : visite d'une expo de BD sur les tirailleurs sénégalais pendant la guerre de 14-18, spectacle de danse contemporaine (bof !), en compagnie de Bernard Chovelon, spectacle-conte sénégalais sur un gars enrôlé malgré lui pour venir servir de chair à canon à Verdun en 1914 (super).
Et aujourd'hui dimanche resto avec Fernand de retour de France et de passage à Dakar, que l'on va retrouver chez lui en Casamance la semaine prochaine. Discussion toujours très intéressante sur ses actions dans les villages,
- sur la révolution qu'a été l'arrivée de l'eau potable et d'un robinet dans chaque maison, la baisse des problèmes de santé qui a suivi,
- l'accompagnement des enfants dans leur scolarité, le collège, le lycée et maintenant aussi la fac.
-etc… on va sans doute aller voir ça sur place bientôt.
On a aussi essayé de régler à distance un problème de soirée-concert à Ziguinchor, annulée au dernier moment par l'Amiral qui s'est engueulé avec le responsable de l'Alliance Française, alors que cela fait trois mois qu'Alain et moi on avait initié le truc et que depuis rien n'a été fait… On va essayer de rattraper le coup pour samedi prochain sans l'Amiral et sans l'Alliance.
Quelques bateaux de Voiles sans Frontières viennent d'arriver, mais on n'a pas trop eu l'occasion de les rencontrer.
Le CVD tourne un peu au ralenti par rapport à quelques années en arrière. Sans doute plusieurs raisons à cela : les démarches de plus en plus lourdes depuis l'instauration des visas biométriques, la pollution de la baie de Hann, la création d'une belle marina (chère) bien équipée aux îles du Cap Vert qui sont davantage sur la route des Antilles pour les bateaux partis d'Europe. C'est dommage car l'ambiance est très particulière et le CVD fait vivre pas mal de gens qui gravitent autour depuis les mécaniciens, le soudeur, le voilier, les gardiens, le bar, les petits restos du quartier, les mamas légumes, cacahouettes, bijoux et tissus. Sans parler du magasin d'accastillage flambant neuf installé juste en face de l'autre côté de la rue.
CVD partie de foot sur la plage
devant le CVD une belle pirogue neuve
CVD le ponton d'arrivée
C'est dimanche, le bain du mouton dans l'eau d'égout....
CVD le bar, là où l'on refait le monde et prépare ses navigations
CVD : Fati la vendeuse de bijoux et de vétements, avec ça elle élève 5 enfants (dont 2 à la fac - master et 2 au lycée)
Bon c'est l'heure de l'apéro, la nuit tombe doucement (18h45 - 19h45 en France).
Dakar suite2
Mardi 11 nov suite
J'ajouterai qu'après le départ de Gérard, le retour sur Soualé fût rude.. Cagagne violente mais relativement brève (jusqu'à 3h du matin) m'a fait me relever plusieurs fois dans la nuit. Du coup j'ai adopté le carré pour avoir le temps de me lever sans dégâts.. Cà a été le cas pour Gérard aussi encore plus bref, heureusement pour lui car en avion ce n'est pas terrible si tant est qu'il y ait un endroit terrible. J'ai fait des huiles essentielles avant de partir et celle que j'ai prise a l'air d'avoir été efficace. Merci D.Baudoux.
Aujourd'hui briefing de l'amiral, notre organisateur unique et préféré "oui sans doute, pas de problème, ya ka, d'accord, on fait comme çà…". On est ravi d'être informé de ce qui est prévu en Casamance, quelques consignes de navigation, car peu de fond puis repas offert par le cvd. Depuis qu'on est arrivé c'est la 1ère fois que l'on se retrouve à tous. Très sympa, un toubab guitariste a joué des standards jazz et brésiliens pour nous mettre dans l'ambiance. J'avais les "bonobos" heu "Bororos" pour voisins de tablée Patricia et Jean Claude dit "Tonton" qui était en pleine forme, il karaokait pour nous en attendant de trouver un public plus large.
Mercredi 12/11
Ce matin tous les voiliers sont partis vers Karabane, sauf Tiamat et nous. Du coup on les a invités à l'apéro à midi toute cette bande de jeunes qui font du bien. Prune a un tatouage derrière l'épaule comme celui de Jade.. Anne et Axel sont les capitaines, Jules est de Gan (proche de Pau) ainsi qu'Axel non loin de la maison de famille de Jean Jacques et Cindy envoie plein de bisous à Gérard…
Bon ensuite après la sieste réparatrice, on est allé faire un tour au marché aux tissus avec Françoise et Safi. Après moultes tergiversations on choisit une pièce de tissu avec laquelle Safi fera 2 robes. Faudra juste pas les porter en même temps.. Car les CFA défilent vite.. Gaffe pour boucler la fin de mois. Ce soir relâche.. Demain chasse aux vivres pour la traversée même si elle est prévue dans 3 semaines, c'est la dernière étape où les courses de fond sont possibles..
Du banc d'Arguin à Dakar (5 au 8/11/2014)
Petit retour en arrière...
Samedi 8/11
1ère nuit bien ventée, 26 nds bien établis. Soualé file avec 2 ris dans la gv et le génois. Dans la nuit, on est seulement sou GV (grand voile) pour éviter les manœuvres et préserver ceux qui dorment ou essayent de dormir car çà brasse bien dans les couchettes et les estomacs (le mien en tout cas) Pendant notre ¼, un voilier croise notre arrière, on voit même ses voiles grâce à une belle lune bien pleine.. On a l'impression qu'il a du s'endormir. C'est Fleur de Vie. Un peu plus tard, on se déroute pour répondre à leur appel VHF. Une vague a fait valser Renée, heureusement retombée dans les filières, puis 2 empannages intempestifs les ont laissés sans compas, et sans pilote automatique. On se déroute pour les guider et on les retrouve 2h plus tard.
Ils ont pris la décision d'aller sur Nouakchott pour évaluer les dégâts (safran heurté par un objet ? cassé , abîmé ?) car il y a trop de mer pour pouvoir plonger sous la coque. La marine mauritanienne qui nous escorte jusqu'à la frontière est prévenue.
Finalement après un temps de repos et de réflexion et parce que Heva II nous a aussi rejoint, Fleur de Vie décide de continuer à petite vitesse jusqu'à Dakar.
Fleur de Vie, juste derrière nous.
On est devant eux sous génois tranquille; on leur fait le cap, ils nous suivent car sans compas ni pilote, ils ont du mal à prendre un cap. La marine prend régulièrement de nos nouvelles, on sent que leur vedette, n'est pas très loin. Le temps est plus chaud, cette 2e nuit de quart est la première en tee-shirt. Avec une belle lune pour nous accompagner.
Du coup on arrivera à Dakar le lendemain de notre prévision, c'est-à-dire samedi 8 novembre vers midi (le temps de contourner Dakar pour mouiller devant le CVD (Cercle de Voile de Dakar) dans la baie de Hann.
Un beau final pour Gérard qui s'éclate à la barre, Soualé file à plus de 7 nds . Avec un bon vent et une bonne gite, on voit défiler la côte : la chaussée de Almadies, les Mamelles, les îles des Madeleines et enfin l'île de Gorée ( l'île du grand départ pour des milliers d'esclaves) devenue un lieu de visite incontournable du Sénégal. Pour finir, bien éviter les trois épaves (invisibles) qui se trouvent au milieu du mouillage à un ou deux mètres sous l'eau.
Les Voiles du Partage puis de la Tentation sont devenues celles de la Séparation, puis des Retrouvailles. On ne suit plus tous les mouvements et échanges sur les autres voiliers.
Retour au CVD, Alain y est tout de suite reconnu, nous aussi dans une moindre mesure.
C'est Moussa le passeur qui a reconnu le bateau et nous indique un bon endroit où jeter l'ancre.
Se retrouver en terre connue, si loin de chez nous : le ponton en planches de plus en plus fatigué, les odeurs, le site, des têtes connues : Mamadou, le gardien de nuit et arrangeur de courses en taxi, Diago le voilier, Fatou qui fait les lessives et même Fati qui vend toujours ses vêtements au portail du CVD et qui se souvenait du nom de Marie.
Omar, nous attendait aussi, c'est lui qui avait gardé le bateau d'Alain pendant près de six mois en 2012. Alain va l'embaucher, et il va nous accompagner jusqu'au Brésil où il gardera à nouveau le bateau quand nous rentrerons en France. Ensuite, en 2015, il fera la traversée jusqu'en Côte d'Ivoire et la remontée au moins jusqu'à Dakar si ce n'est jusqu'au Maroc. Le voilà bientôt parti, loin de chez lui, pour 8 mois. Mais il est content d'avoir un travail pour quelques temps.
Petit resto offert par Gérard à la pizzeria du quartier, encore une connaissance d'Alain.
Dimanche :
Comme on ne peut pas faire les formalités d'entrée au Sénégal avant lundi, nous voici "sans papiers".
On en profite pour faire de la mécanique : le guindeau (le treuil qui sert à remonter la chaîne de l'ancre) donne des signes de fatigue. Il est important qu'il soit en bon état car d'ici le retour en France de Soualé, il va beaucoup servir. Remonter 50m de chaîne à la main et une grosse ancre ça n'est pas possible.
Malgré la notice, on a du mal à le démonter, ça bloque quelque part et le moteur ressemble à un beau paquet de rouille ; il a pris l'eau, les connexions sont mal en point et comment va-t-on trouver l'intérieur ?
On cale sur le démontage, on ne veut rien casser car trouver des pièces de rechange ici, ce n'est pas gagné.
Lundi :
Journée formalités.
Première séquence, à bord du bateau : réunir toutes les pièces demandées ou que l'on pense qui vont être demandées : passeport, carnet de vaccination, photocopie des passeports, photos d'identité, reçu de paiement du pré-visa, acceptation du pré-visa (tiens, ça tombe bien, le mien demandé il y a presque deux mois vient d'arriver par Internet, juste à temps), papiers du bateau.
On y va : tous les six dans l'annexe, avec un peu de vagues et de vent, bain de siège assuré.
Deuxième séquence : enregistrer les bateaux au bureau du CVD (ouvert de 8h30 à 12h), mais ce matin le secrétaire n'est arrivé qu'à 9h1/2… Trente personnes devant la porte du secrétariat.
Pendant ce temps on essaie de récupérer le linge donné à laver hier. La pauvre Fatou s'est mélangé les pinceaux, Gérard n'a plus que la moitié de ses affaires, moi il m'en manque quelques unes et des draps se sont volatilisés (peut-être confondus avec des poubelles vu les sacs utilisés)…
Une heure et demie plus tard, on est presque prêts, on a des attestations d'hébergement du CVD et les papiers d'enregistrement des bateaux. Il nous faut encore imprimer les acceptations de pré-visa (vous suivez toujours ?) pour Alain et moi, nous venons juste de les recevoir par mail. Mais l'imprimante du CVD est tombée en panne. Omar nous amène dans un cyber-café qui en moins d'un quart d'heure arrive à nous imprimer les fameux documents.
Troisième séquence : Deux taxis nous embarquent mais on tombe dans un gros embouteillage, ça coince, ça se faufile au centimètre près, ça se pousse, se tasse, le tout dans une belle atmosphère de gaz d'échappement. Enfin nous arrivons au port (môle 2) dans les bureaux de la police maritime. Nous voici tous les trente, la moitié assis par terre, dans le couloir à attendre chacun notre tour pour nos visas. Bien sûr il y aura la pause déjeuner des policiers. Mais l'ambiance est sympa, rien à voir avec les cow-boys de nos commissariats français.
Dans les couloirs de la Police Maritime... Et il fait chaud !
Quatrième séquence : Finalement vers 14h30 c'est à nous : scan des passeports, empreintes des pouces, des index, photo pour certains, photocopies, bip, bip, ouf ! l'imprimante marche.
A 15h30 par un doux cagnard local nous voici dans la rue.
Cinquième séquence : Direction le service des douanes pour le passavant du bateau (certificat temporaire d'admission dans les eaux sénégalaises) c'est toujours au port, mais c'est au môle 10… donc à quelques kilomètres.
Trop tard ! ça ferme à 16h, on n'aura pas le temps d'y arriver. On se met en quête d'un petit resto encore ouvert ; on va éviter soigneusement un boui-boui sous une bâche, près du marché car à cette heure là il n'y a que des restes qui traînent dans la chaleur depuis on ne sait combien de temps… Attention à nos boyaux !
Retour au CVD, au bateau, douche, repos. On est naze.
Dernier repas à bord avec Gérard qui prend l'avion cette nuit pour rentrer à Cobonne après presque deux mois sur Soualé; Il va nous manquer. Champagne offert par le capitaine et on l'accompagne à terre jusqu'à son taxi.
A bientôt Gérard, c'est un plaisir de naviguer avec toi et d'écouter tes anecdotes africaines. Si tu t'embêtes un jour, écris donc tes mémoires.
Mardi 11/11 :
Cinquième séquence (bis) : Alain rassemble nos passeports, les papiers du bateau et son courage. Il part au fameux môle 10.
Sixième séquence : Le taxi va se tromper d'endroit, notre valeureux capitaine sera obligé d'en prendre un deuxième… Nous l'avons lâchement abandonné pour trouver un joint spi abîmé : cinq minutes de marche à pied, un magasin de pièces, pompes, tuyaux, etc… Consultation de plusieurs tableaux écrits au crayon (en fait la fiche de stock), le patron annonce "case 10 rangée 3" et miracle le magasinier ramène le bon joint, exactement le même tout neuf pour 2500 F CFA (4€).
Il ne reste plus qu'à remettre le nez dans ce p.. de guindeau qu'on n'arrive pas à démonter. Finalement on va appeler Moussa qui va débloquer la situation (c'est le cas de le dire) à l'africaine, en quelques minutes, en secouant bien le bidule à la main, il va arriver à le débloquer. "La bête" est ramenée à terre et va partir chez un réparateur de moteurs, démarreurs, etc… Vu son aspect, elle en a bien besoin.
Le capitaine regagne son bord pour un petit repas et une sieste bien méritée. Il fait 35° à l'ombre, ce n'est pas le moment de s'agiter.
dakar
on vient d'arriver à Dakar
qruelques photos de plus sur la page du banc d'Arguin
Banc d'Arguin
Nous voici de puis quelques heures à Dakar, au mouillage de la baie de Hann devant le célébre CVD (Cercle de Voile de Dakar). Toujours aussi typique et folklo. Mais avant retour en Mauritanie pour notre courte virée sur le banc d'Arguin.
Lundi 3/11
Nos quatre guides Imraguen sont sur la plage à l'heure dite. Alain les dépose sur les différents bateaux. A bord de Soualé, nous accueillons Abou, le chef du groupe, Alain ayant été coopté comme chef d'escadre des six bateaux qui tentent l'aventure par mer : les trois Super Maramu (Bororo, Sarpédon Sybonné), L'O d'Îles (le cata), les deux Dufour (Fleur de Vie et Soualé). Les équipages des trois autres bateaux (Cap Sud, Corto et Heva II viennent en 4X4). Notre visite a été préparée par le Parc, qui tente avec nous une expérience, qui est quasi une première, la visite du Banc par un groupe de bateaux. Le seul accès possible pour nos tirants d'eau se trouve au nord du Parc dans la zone la plus sauvage. Nous irons au village d'Agadir sur l'île d'Arguin tout au nord du Parc.
Quelques bateaux isolés, sont déjà venus il y a plusieurs années, dont Fleur de Lampaule, sans oublier il y a un ou deux siècles La Méduse qui a sombré ici et son fameux radeau; (on nous donnera même les coordonnées GPS du lieu du naufrage). A cause des tensions internationales dans l'Afrique saharienne seulement 2000 ou 3000 touristes par an viennent ici, la plupart étant des familles de résidents en Mauritanie..
Les tarifs ont été annoncés lors de la réunion de samedi soir, on sait à quoi s'en tenir.
Le Parc National du Banc d'Arguin (PNBA), c'est 180 km de littoral le long du désert, 12 000km² de superficie autant à terre qu'en mer. Reconnu site du patrimoine mondial de l'humanité (en 1989) par l'UNESCO. Plusieurs centaines d'espèces de poissons, d'oiseaux, vivent ou migrent ici, etc… Zone très fragile par sa nature désertique et très réglementée.
Y vivent des pêcheurs, les Imraguens dans une dizaine de petits villages accessibles seulement en bateau ou par quatre pistes. La plupart des villages et campements se trouvent dans le sud entre les caps Tafarit et Timiris.
Pou entrer dans le Parc et y séjourner et utiliser les services des éco guides Imraguen (16 guides dans le Parc) indispensables pour pouvoir se déplacer ; il faut prendre contact avec le PNBA, soit au siège à Nouakchott (av. Gamal Abdel Nasser tél : 222-525 85 41 pnba@mauritania.mr), soit au bureau de Nouadhibou (av. principale –en face épicerie Carrefour BP124- tél : 222-574 67 44).
Le Parc est appuyé par des missions de coopération françaises, espagnoles et allemandes ; nous avons rencontré l'un d'eux, Sylvain, coopérant scientifique sur les milieux humides.
Les villages se sont organisés en coopératives pour la pêche, l'écotourisme, etc. Ils ont créé des campements d'accueil (tentes avec des tapis et matelas et préparation de repas), il faut amener son eau car il n'y en a pas…
A la longitude 16°45W, nous entrons dans le Parc : utilisation du moteur interdite. Seules quelques pirogues et les vedettes de surveillance peuvent naviguer au moteur sur le Banc. Il y a seulement 180 lanches (à voile) autorisées à pêcher dans la zone du parc.
Cap au 117° pour 22 milles jusqu'au cap Ste Anne, à proximité duquel nous allons mouiller.
Après quelques heures au grand largue (ici le vent est toujours de N ou NE), suivis de loin par une vedette de surveillance des pêches, nous arrivons en vue du cap, difficile à repérer car la côte est très basse. En contournant largement par le sud pour éviter un haut fond, nous mouillons par 3.5m de fond (à marée basse), sur du sable, au sud du cap protégés de la houle par la vasière (20°40'.235N 016°40'.181W). C'est là que nous allons laisser les bateaux au milieu de nulle part à 15 milles de notre destination. Devant les dunes et sur une eau turquoise, sous l'œil de la vedette de surveillance des pêches qui va veiller sur eux pendant notre absence.
En effet, en accord avec nos guides, nous craignons que les chenaux près du cap d'Arguin et de l'île du même nom ne soient pas assez profonds et pas assez larges pour manœuvrer à la voile pour nos 2.4m de tirant d'eau.
Les lanches prévues par Abou, arrivent peu après, elles étaient ancrées un peu plus au nord, devant le poste de surveillance du parc au cap Ste Anne. Des bateaux à la ligne magnifique, quatre belles voiles qui arrivent vers nous.
Transbordement à bord des lanches avec nos affaires pour la nuit. Des voiliers traditionnels de 12m à 16m de long avec une seule voile.
Equipement rustique : mât arbre, cordages en chanvre, deux poulies en bois, des taquets, un tangon-perche à tout faire, un petit abri à l'avant, un abri pour le réchaud à gaz près du poste de barre et c'est tout.
Bateaux, gracieux, très véloces (7 à 8 nœuds). On se régale à "régater avec les trois autres.
Alain à la barre, genre Henri De Montfreid sur la Mer Rouge.
pour le cap, c'est tout droit… Comment font-ils pour savoir où passer avec, pour nous, quasiment aucun point de repère.
On longe la plage (ici elle est grande), parfois à mois de 50m. On regarde le paysage défiler rapidement en buvant du thé. On aperçoit quelques oiseaux (aigrettes, flamants roses).
On vire le cap d'Arguin (repérable par une tourelle à terre) à quelques mètres du bord. Cap plein Est vers la pointe sud de l'île d'Arguin qui se confond avec la côte au loin. A la pointe sud une pirogue nous attend : ce sont les équipages arrivés par la terre venus à notre rencontre.
Remontée de la côte est de l'île jusqu'au village d'Agadir. On entre par un étroit goulet entre vasière et côte dans le mouillage du village, une dizaine de bateaux à l'ancre ou sur la rive.
Trois heures et demie de belle navigation dans un autre monde avec des gens très sympas.
Accueil sur la plage par le chef du village et le directeur adjoint du Parc, qui a fait le déplacement pour l'occasion. Petit discours du chef du village et du directeur adjoint du Parc qui traduit, remise de décorations pour cinq personnes, dont Alain. Après les "formalités officielles", installation dans les tentes montées par les femmes, sommaire mais sympa. On sera àl'abri du vent et de la poussière de sable.
Premières impressions au coucher du soleil : une île très aride (pas d'eau, le puit est à sec de nombreux mois par an), un village fait de cabanes en planches, plus quelques petites bâtisses en dur, dont celle abritant la radio VHF et sans doute une TV vu la parabole posée devant.
Dix familles, quarante cinq personnes vivent ici à l'année, même si elles ont aussi un logement à Nouadhibou. Des jeunes, des moins jeunes, quelques enfants, des bébés.
Ce sont toutes des familles de pêcheurs qui vont vendre leur poisson à Nouakchott. La "mère" qui a fondé le village vit toujours ici, elle est quasiment aveugle et ne peut plus marcher, mais à près de 100 ans, elle est toujours là au milieu de ses descendants (tous les habitants du village).
En saison pour des campagnes de pêche, la population peut monter à cent personnes.
Un univers de cailloux, surtout, et de sable. Un seul arbre sur l'île, un acacias que l'on aperçoit un peu plus loin; une ruine de ce qui a dû être un bâtiment militaire du temps des colonies, et c'est tout. Le gros problème c'est l'eau, la vie est dure ici, ils le disent eux-mêmes. Un bateau du service des pêches passe environ une fois par mois pour leur amener de l'eau 4500 litres pour 45 personnes, pour un mois… chez nous ça peut être la consommation journalière d'une famille).
Paysage un peu lunaire, impression renforcée par la lune qui se lève.
Nous attendons le repas que les femmes, une majorité de jeunes, mais difficile de leur donner un âge, préparent dans une cabane à côté de la grande tente. Elles chantent et dansent, font des percussions sur un bidon en plastique, en même temps qu'elles font la cuisine. Ici ce soir, c'est la fête. Et devinez qui est une des premières à les rejoindre dans la cuisine ?
Pendant ce temps, des hommes du village discutent avec nous en petits groupes.
L'heure du repas, c'est quand, elles, elles voudront bien. On sent que les relations hommes femmes ne sont pas du tout les mêmes que plus au nord.
Discussion avec le chef du village.
Finalement, elles amènent de belles assiettes bien garnies sur des nappes, posées sur les tapis de la grande tente. A la lueur d'une ampoule sur batterie et d'un lumogaz, on se régale : petits légumes, viande, poisson, frites (oui, oui : elles ont fait des frites pour quarante personnes dans deux minuscules poëles). Puis elles débarrassent et nous disent, plat suivant, surprise dans une demi-heure. Il est déjà tard, on a sommeil mais impossible de dire non. La "surprise" arrive une heure et demie après (on dort à moitié). Une grosse platée de riz avec des abats de chèvre sans doute. Très bon, mais on a déjà trop mangé… Mais rien ne sera perdu, elles vont avoir à manger pour plusieurs jours, c'est ce que l'on nous explique.
Nuit tranquille sous la tente. Petit déjeuner et comptes avec le village, les lanches et les guides. Alain se trouve propulsé grand argentier du groupe. Il mène ça de main de maître, même s'il a fallu y passer plus d'une heure. Finalement on retombe sur nos pattes, tout compris 25 000 OU par personne (65€). Tout le monde est content.
Ensuite, il faut repartir rejoindre les bateaux, mais il n'y a pas de vent. On ne pourra pas utiliser les lanches. On embarque donc dans les deux pirogues à moteur du village qui nous ramènent jusqu'au mouillage des bateaux en deux heures et demie.
on quitte le village
la plage... grande, non ?
Au revoir aux Imraguen
La vedette des gardes pêche est toujours là, plus au large.
Repas à bord avec Fleur de Vie, baignade, sieste, belle soirée sous la lune dans ce paisible coin perdu du bout du monde.
Cap sur Dakar
Départ demain matin
Nouadhibou
36h de traversée (2 nuits 1 jour) depuis Dakhla au cours de laquelle nous avons croisé pas mal de bateaux de pêche jusqu'à 14 autour de nous la première nuit. Plus ou moins bien éclairés selon leur taille ou leur type. Pas mal d'espagnols, de russes, de chinois aussi parait-il.
Arrivée au petit jour au Cap Blanc, la pointe qui ouvre sur la baie de Nouadhibou et le Banc d'Arguin.
Aux abords du cap on a cherché à voir aux jumelles les phoques moines qui vivent là, mais rien…
On se regroupe en 1h ½ et nous remontons ensemble le chenal.
On passe devant l'énorme port minéralier, d'où partent des millions de tonnes de minerai de fer mauritanien amené par le plus long train du monde depuis le nord du pays.
Tout semble rouillé aux alentours à cause de la poussière de fer qui se dépose partout.
Beaucoup de bateaux et de barques de pêche dans la lagune,
on se fait rattraper par un gros minéralier et on se gare pour le laisser passer.
On jette l'ancre sous l'œil des militaires en Zodiac et des gens de l'association Koteba de Lattes. Ce sont eux qui ont organisé notre étape ici.
On est dans la zone des Cansados, l'ancienne cité ouvrière des mineurs qui venaient se reposer là après 15 jours de mine.
Débarquement un peu humide à cause de la houle, sur la petite plage au pied d'une grande tente du désert montée pour l'occasion. Sur la plage un flic nous prend nos passeports et devant la tente on est attendus par des galonnés, des commandos, le consul et les gens de Koteba. On va vite comprendre le pourquoi des commandos : l'ambassadeur de France a fait le déplacement depuis Nouakchott.
Apéro sous la tente et on nous embarque dans le bus de l'équipe de foot escorté par un 4x4 de flics, direction l'aéroport de Nouadhibou (Port Etienne sur les vieilles cartes de géographie françaises) pour faire les visas et nous taxer de 50€. 3h1/2 d'attente dans un aéroport vide. Ici c'est comme ça !
Il commence à faire vraiment chaud. On sent le désert tout proche, même dans les rues de la ville, le sable est dans les rues secondaires. L'architecture locale est très parpaings fers à béton. Beaucoup d'entrepôts, de petites entreprises, de restaurants chinois. Apparement ils sont en train de s'installer en masse dans le coin. Mais aujourd'hui, c'est vendredi, c'est-à-dire dimanche, peu d'activité en ville.
Aucun avion à l'aéroport, à part un hélico sans aucun signe distinctif, venu faire le plein, selon les gens de l'aéroport il s'agit des forces spéciales françaises qui "travaillent" au Mali ou dans l'est de la Mauritanie.
Retour rapide aux bateaux, le vent monte, la mer se creuse, pas facile de remonter à bord.
Toujours dans notre bus direction l'Alliance Française pour un apéro (sans alcool !) offert par l'ambassadeur, avec toutes les huiles de la région (même un colonel de la Guardia Civil espagnole). Quelques notables en costume traditionnel, ça en jette. Nous avec nos fringues plus ou moins mouillées quand on débarque en annexe (mais on commence à avoir l'habitude). Une mauritanienne cantatrice d'opéra y va de son petit tour de chant.
Puis re-bus pour un repas officiel, on s'arrête dans une rue devant une maison basse.
En tous cas encore plein de flics et de militaires.
On va comprendre qu'en fait le pays est tellement grand (2 fois la France) et vide par endroits, 3 millions d'habitants, dont 1 million à Nouakchott et seulement 130 000 ici (la 2e ville du pays) ; qu'il est plus facile de contrôler les zones habitées que de garder une immense frontière dans le désert. Les français qui vivent ici nous disent qu'ils n'ont aucun problème de sécurité. L'image donnée par les médias, le sensationnel, l'approximation est bien loin de la réalité quotidienne.
Où entre-t-on ? dans un resto ? une maison ? je ne sais pas dire.
Un petit couloir étroit entre des maisons basses et on débouche dans ce qui doit être une cour transformée en immense tente du désert.
Table des huiles et petites tables où on nous mélange aux personnalités locales, le tout Nouadhibou est là. Même le pilote du port qui a rentré le gros bateau ce matin et nous dit qu'on l'a un peu gêné.
On est 150 ou 200 personnes sous la tente. Repas plus que copieux (payé par l'ambassadeur) : crudités à foison, poulet fermier (3 pour 8 personnes), couscous d'agneau… Tout le monde pique dans le plat. Il faut montrer qu'il y a beaucoup de victuailles (au moins les gens de la maison auront de quoi pour quelques jours…)
Groupes de musique traditionnelle : un groupe Maure (les gens du nord et du désert) et un autre de négro-mauritaniens (les gens du sud, de la forêt et du fleuve). Ce dernier mené par un griot (celui qui a le droit de tout dire). Apparemment il a bien fait rigoler les mauritaniens. Discussions plutôt ouvertes, les mauritaniens n'hésitant pas à être critiques envers les dirigeants, enfin jusqu'à un certain point…
Retour aux bateaux vers minuit, de plus en plus de vagues et de vent. Remonter à bord a été folklo !
Samedi
Après une nuit agitée, le vent a soufflé pas mal et on a eu de belles vagues.
Impossible de débarquer les colis à terre avec nos annexes. Finalement c'est une barque des gardes côtes qui fera le tour des bateaux pour prendre livraison des colis.
Après l'arrivée de Tiamat, le 10e bateau, on descend à terre en début d'après-midi. La benjamine des équipages pose son sac à terre; Elle va retourner à Dakhla, travailler pour le wali, nous a-t-elle dit.
Café Wifi pour certains, bus courses pour d'autres…
Demain on devrait partir pour le banc d'Arguin avec nos bateaux, mais y aura-t-il assez d'eau pour passer ? Personne ne sait encore bien. Et puis ici, tout change tout le temps, c'est le pays qui veut ça.