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Du Maroc au Brésil sur Soualé (2014/2015)
8 novembre 2014

Banc d'Arguin

Nous voici de puis quelques heures à Dakar, au mouillage de la baie de Hann devant le célébre CVD (Cercle de Voile de Dakar). Toujours aussi typique et folklo. Mais avant retour en Mauritanie pour notre courte virée sur le banc d'Arguin.

 

Lundi 3/11

 Nos quatre guides Imraguen sont sur la plage à l'heure dite. Alain les dépose sur les différents bateaux. A bord de Soualé, nous accueillons Abou, le chef du groupe, Alain ayant été coopté comme chef d'escadre des six bateaux qui tentent l'aventure par mer : les trois Super Maramu (Bororo, Sarpédon Sybonné), L'O d'Îles (le cata), les deux Dufour (Fleur de Vie et Soualé). Les équipages des trois autres bateaux (Cap Sud, Corto et Heva II viennent en 4X4). Notre visite a été préparée par le Parc, qui tente avec nous une expérience, qui est quasi une première, la visite du Banc par un groupe de bateaux. Le seul accès possible pour nos tirants d'eau se trouve au nord du Parc dans la zone la plus sauvage. Nous irons au village d'Agadir sur l'île d'Arguin tout au nord du Parc.

Quelques bateaux isolés, sont déjà venus il y a plusieurs années, dont Fleur de Lampaule, sans oublier il y a un ou deux siècles La Méduse qui a sombré ici et son fameux radeau; (on nous donnera même les coordonnées GPS du lieu du naufrage). A cause des tensions internationales dans l'Afrique saharienne seulement 2000 ou 3000 touristes par an viennent ici, la plupart étant des familles de résidents en Mauritanie..

 

Les tarifs ont été annoncés lors de la réunion de samedi soir, on sait à quoi s'en tenir.

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Le Parc National du Banc d'Arguin (PNBA), c'est 180 km de littoral le long du désert, 12 000km² de superficie autant à terre qu'en mer. Reconnu site du patrimoine mondial de l'humanité (en 1989) par l'UNESCO. Plusieurs centaines d'espèces de poissons, d'oiseaux, vivent ou migrent ici, etc… Zone très fragile par sa nature désertique et très réglementée.

Y vivent des pêcheurs, les Imraguens dans une dizaine de petits villages accessibles seulement en bateau ou par quatre pistes. La plupart des villages et campements se trouvent dans le sud entre les caps Tafarit et Timiris.

Pou entrer dans le Parc et y séjourner et utiliser les services des éco guides Imraguen (16 guides dans le Parc) indispensables pour pouvoir se déplacer ; il faut prendre contact avec le PNBA, soit au siège à Nouakchott (av. Gamal Abdel Nasser tél : 222-525 85 41 pnba@mauritania.mr), soit au bureau de Nouadhibou (av. principale –en face épicerie Carrefour BP124- tél : 222-574 67 44).

Le Parc est appuyé par des missions de coopération françaises, espagnoles et allemandes ; nous avons rencontré l'un d'eux, Sylvain, coopérant scientifique sur les milieux humides.

Les villages se sont organisés en coopératives pour la pêche, l'écotourisme, etc. Ils ont créé des campements d'accueil (tentes avec des tapis et matelas et préparation de repas), il faut amener son eau car il n'y en a pas…

 

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A la longitude 16°45W, nous entrons dans le Parc : utilisation du moteur interdite. Seules quelques pirogues et les vedettes de surveillance peuvent naviguer au moteur sur le Banc. Il y a seulement 180 lanches (à voile) autorisées à pêcher dans la zone du parc.

Cap au 117° pour 22 milles jusqu'au cap Ste Anne, à proximité duquel nous allons mouiller.

Après quelques heures au grand largue (ici le vent est toujours de N ou NE), suivis de loin par une vedette de surveillance des pêches, nous arrivons en vue du cap, difficile à repérer car la côte est très basse. En contournant largement par le sud pour éviter un haut fond, nous mouillons par 3.5m de fond (à marée basse), sur du sable, au sud du cap protégés de la houle par la vasière (20°40'.235N 016°40'.181W). C'est là que nous allons laisser les bateaux au milieu de nulle part à 15 milles de notre destination. Devant les dunes et sur une eau turquoise, sous l'œil de la vedette de surveillance des pêches qui va veiller sur eux pendant notre absence.
En effet, en accord avec nos guides, nous craignons que les chenaux près du cap d'Arguin et de l'île du même nom ne soient pas assez profonds et pas assez larges pour manœuvrer à la voile pour nos 2.4m de tirant d'eau.

 Les lanches prévues par Abou, arrivent peu après, elles étaient ancrées un peu plus au nord, devant le poste de surveillance du parc au cap Ste Anne. Des bateaux à la ligne magnifique, quatre belles voiles qui arrivent vers nous.

 

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Transbordement à bord des lanches avec nos affaires pour la nuit. Des voiliers traditionnels de 12m à 16m de long avec une seule voile.

Equipement rustique : mât arbre, cordages en chanvre, deux poulies en bois, des taquets, un tangon-perche à tout faire, un petit abri à l'avant, un abri pour le réchaud à gaz près du poste de barre et c'est tout.

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Bateaux, gracieux, très véloces (7 à 8 nœuds). On se régale à "régater avec les trois autres.

Alain à la barre, genre Henri De Montfreid sur la Mer Rouge.

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On s'y essaie un peu tous;

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 pour le cap, c'est tout droit… Comment font-ils pour savoir où passer avec, pour nous, quasiment aucun point de repère.

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On longe la plage (ici elle est grande), parfois à mois de 50m. On regarde le paysage défiler rapidement en buvant du thé. On aperçoit quelques oiseaux (aigrettes, flamants roses).

 

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On vire le cap d'Arguin (repérable par une tourelle à terre) à quelques mètres du bord. Cap plein Est vers la pointe sud de l'île d'Arguin qui se confond avec la côte au loin. A la pointe sud une pirogue nous attend : ce sont les équipages arrivés par la terre venus à notre rencontre.

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Remontée de la côte est de l'île jusqu'au village d'Agadir. On entre par un étroit goulet entre vasière et côte dans le mouillage du village, une dizaine de bateaux à l'ancre ou sur la rive.

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Trois heures et demie de belle navigation dans un autre monde avec des gens très sympas.

 

Accueil sur la plage par le chef du village et le directeur adjoint du Parc, qui a fait le déplacement pour l'occasion. Petit discours du chef du village et du directeur adjoint du Parc qui traduit, remise de décorations pour cinq personnes, dont Alain. Après les "formalités officielles", installation dans les tentes montées par les femmes, sommaire mais sympa. On sera àl'abri du vent et de la poussière de sable.

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Premières impressions au coucher du soleil : une île très aride (pas d'eau, le puit est à sec de nombreux mois par an), un village fait de cabanes en planches, plus quelques petites bâtisses en dur, dont celle abritant la radio VHF et sans doute une TV vu la parabole posée devant.

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Dix familles, quarante cinq personnes vivent ici à l'année, même si elles ont aussi un logement à Nouadhibou. Des jeunes, des moins jeunes, quelques enfants, des bébés.

Ce sont toutes des familles de pêcheurs qui vont vendre leur poisson à Nouakchott. La "mère" qui a fondé le village vit toujours ici, elle est quasiment aveugle et ne peut plus marcher, mais à près de 100 ans, elle est toujours là au milieu de ses descendants (tous les habitants du village).

En saison pour des campagnes de pêche, la population peut monter à cent personnes.

Un univers de cailloux, surtout, et de sable. Un seul arbre sur l'île, un acacias que l'on aperçoit un peu plus loin; une ruine de ce qui a dû être un bâtiment militaire du temps des colonies, et c'est tout. Le gros problème c'est l'eau, la vie est dure ici, ils le disent eux-mêmes. Un bateau du service des pêches passe environ une fois par mois pour leur amener de l'eau 4500 litres pour 45 personnes, pour un mois… chez nous ça peut être la consommation journalière d'une famille).
Paysage un peu lunaire, impression renforcée par la lune qui se lève.

 

Nous attendons le repas que les femmes, une majorité de jeunes, mais difficile de leur donner un âge, préparent dans une cabane à côté de la grande tente. Elles chantent et dansent, font des percussions sur un bidon en plastique, en même temps qu'elles font la cuisine. Ici ce soir, c'est la fête. Et devinez qui est une des premières à les rejoindre dans la cuisine ?

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Pendant ce temps, des hommes du village discutent avec nous en petits groupes.
L'heure du repas, c'est quand, elles, elles voudront bien. On sent que les relations hommes femmes ne sont pas du tout les mêmes que plus au nord.

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Discussion avec le chef du village.

 

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Finalement, elles amènent de belles assiettes bien garnies sur des nappes, posées sur les tapis de la grande tente. A la lueur d'une ampoule sur batterie et d'un lumogaz, on se régale : petits légumes, viande, poisson, frites (oui, oui : elles ont fait des frites pour quarante personnes dans deux minuscules poëles). Puis elles débarrassent et nous disent, plat suivant, surprise dans une demi-heure. Il est déjà tard, on a sommeil mais impossible de dire non. La "surprise" arrive une heure et demie après (on dort à moitié). Une grosse platée de riz avec des abats de chèvre sans doute. Très bon, mais on a déjà trop mangé… Mais rien ne sera perdu, elles vont avoir à manger pour plusieurs jours, c'est ce que l'on nous explique.

 Nuit tranquille sous la tente. Petit déjeuner et comptes avec le village, les lanches et les guides. Alain se trouve propulsé grand argentier du groupe. Il mène ça de main de maître, même s'il a fallu y passer plus d'une heure. Finalement on retombe sur nos pattes, tout compris 25 000 OU par personne (65€). Tout le monde est content.

Ensuite, il faut repartir rejoindre les bateaux, mais il n'y a pas de vent. On ne pourra pas utiliser les lanches. On embarque donc dans les deux pirogues à moteur du village qui nous ramènent jusqu'au mouillage des bateaux en deux heures et demie.

 

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on quitte le village

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la plage... grande, non ?

 

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Au revoir aux Imraguen

La vedette des gardes pêche est toujours là, plus au large.

Repas à bord avec Fleur de Vie, baignade, sieste, belle soirée sous la lune dans ce paisible coin perdu du bout du monde.

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Cap sur Dakar

Départ demain matin

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